Les États-Unis soutiennent un accord qui exigerait le retrait des troupes rwandaises de l'est de la République démocratique du Congo avant la signature d'un accord de paix, selon plusieurs sources, une condition qui risque de déplaire à Kigali, qui considère les groupes armés basés au Congo comme une menace existentielle.

L'administration du président américain Donald Trump mène des discussions pour mettre fin aux combats dans l'est du Congo et attirer des milliards de dollars d'investissements occidentaux dans cette région riche en minerais tels que le tantale, l'or, le cobalt, le cuivre et le lithium.

Massad Boulos, conseiller principal de Trump pour l'Afrique, a déclaré à Reuters en mai que Washington souhaitait finaliser un accord de paix "d'ici environ deux mois", un calendrier ambitieux pour résoudre un conflit dont les racines remontent au génocide rwandais il y a plus de trente ans.

Un projet d'accord de paix consulté par Reuters prévoit comme condition à la signature le retrait par le Rwanda de ses troupes, armes et équipements du Congo. L'authenticité de ce document, non daté, a été confirmée par quatre sources diplomatiques, qui ont indiqué qu'il avait été rédigé par des responsables américains.

Ce projet va au-delà d'une simple déclaration de principes signée en avril à Washington par les ministres des Affaires étrangères des deux pays, en présence du Secrétaire d'État américain Marco Rubio. Ce document prévoyait que les deux parties répondraient à leurs préoccupations sécuritaires dans le respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de chacun.

AVANCÉE FULGURANTE

Le Rwanda a envoyé entre 7 000 et 12 000 soldats dans l'est du Congo pour soutenir les rebelles du M23, ont indiqué plus tôt cette année des analystes et diplomates à Reuters, après que le groupe rebelle a pris le contrôle des deux plus grandes villes de la région lors d'une avancée fulgurante.

Le Rwanda a toujours nié fournir des armes et des troupes au M23, affirmant que ses forces agissent en légitime défense contre l'armée congolaise et les milices hutues liées au génocide de 1994, qui a fait environ un million de morts, principalement parmi les Tutsis.

Le Rwanda n'avait pas encore répondu au projet d'accord américain la semaine dernière, selon deux sources interrogées par Reuters. Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a indiqué à Reuters que des experts du Congo et du Rwanda devaient se rencontrer cette semaine à Washington pour discuter de l'accord.

Le Département d'État américain n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire.

Un haut responsable du cabinet du président congolais Felix Tshisekedi a accusé le Rwanda de "faire traîner les choses" concernant le projet d'accord, et a estimé que le retrait rwandais était nécessaire pour faire avancer le processus de paix.

« Nous exigeons le retrait total des troupes rwandaises comme condition préalable à la signature de l'accord, et nous ne ferons aucun compromis », a déclaré cette source.

NÉGOCIATIONS SOUS L'ÉGIDE DU QATAR

Le projet d'accord prévoit également la mise en place d'un « Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité » qui pourrait inclure des personnels militaires rwandais et des observateurs militaires étrangers pour traiter les questions de sécurité, notamment la présence persistante au Congo de milices hutues rwandaises.

Selon les analystes, le groupe le plus souvent cité, les Forces démocratiques de libération du Rwanda, ne représente plus aujourd'hui une menace significative pour le Rwanda, bien que le gouvernement du président Paul Kagame continue de le présenter comme une menace sérieuse.

Le projet d'accord prévoit également que le Congo s'engage à permettre au M23 de participer à un dialogue national "sur un pied d'égalité avec les autres groupes armés non étatiques de la RDC" – une concession majeure pour Kinshasa, qui considère le M23 comme un groupe terroriste et une force supplétive du Rwanda.

Le Congo mène parallèlement des discussions directes avec le M23 en vue d'un accord pour mettre fin à la dernière vague de combats.

Le projet d'accord stipule que le Rwanda "prendra toutes les mesures possibles pour garantir" le retrait du M23 des territoires qu'il contrôle, conformément aux termes convenus à Doha.

Une source informée de ce processus a indiqué à Reuters la semaine dernière que le Qatar avait présenté une proposition de projet aux deux délégations, qui devaient consulter leurs dirigeants avant de reprendre les discussions.

Un responsable rebelle a toutefois déclaré que peu de progrès avaient été réalisés vers un accord final qui verrait le M23 céder ses territoires.