par Yasmine Saleh et Tom Pfeiffer

LE CAIRE, 8 janvier (Reuters) - Les observateurs de la Ligue arabe doivent livrer dimanche leur évaluation de la situation en Syrie, et devraient, selon la chaîne Al Djazira, déclarer que Damas ne respecte pas son engagement de mettre fin à la répression des manifestations.

Le rapport préliminaire des inspecteurs doit indiquer que les violences menées par les forces de sécurité syriennes se poursuivent, et que l'armée ne s'est pas retirée des villes comme elle l'avait dit.

De plus, la Syrie n'a que partiellement rempli son engagement de libérer les prisonniers politiques, dont certains restent détenus dans des sites secrets, rapporte Al Djazira, qui cite des éléments du rapport obtenus avant la diffusion officielle.

Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe se réunissent au Caire pour faire le point sur la situation à Damas et discuter d'une éventuelle demande d'aide à l'Onu.

Vendredi, le Premier ministre du Qatar, le cheikh Hamad ben Djassim al Thani, a déclaré que les tueries n'avaient pas cessé en Syrie et que les inspecteurs n'avaient pas à y "perdre leur temps".

DE NOUVEAUX INSPECTEURS À DAMAS

De source interne à la Ligue arabe, on indiquait que les observateurs feraient le compte rendu de leurs observations depuis leur arrivée le 26 décembre, puis que les ministres examineraient comment leur permettre de travailler avec une plus grande indépendance vis-à-vis des autorités syriennes.

Damas affirme fournir aux observateurs tous les moyens dont ils ont besoin, et les a appelés à faire preuve "d'objectivité et de professionnalisme".

Samedi, dix observateurs jordaniens sont arrivés en Syrie, portant le nombre de membres de la mission à 153, a indiqué Adnan al Khoudeïr, directeur de la cellule de suivi des opérations de la Ligue arabe.

Les militants des droits de l'homme en Syrie estiment que la mission de la Ligue arabe, dépourvue de moyens concrets, n'a pour effet que de faire gagner du temps au président syrien Bachar al Assad.

Dimanche, onze soldats syriens ont été tués et vingt autres blessés lors de combats contre des déserteurs dans le village de Basr al Harir, dans la province méridionale de Deraa, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme, qui n'a pas fait état de victimes dans les rangs des déserteurs.

Selon les estimations de l'Onu, la répression en Syrie a fait plus de 5.000 morts en dix mois. Damas affirme de son côté que 2.000 membres des forces de sécurité ont été tués sur cette période par des "terroristes".

Les opposants affirment que les autorités syriennes cachent la réalité aux inspecteurs, par exemple en dissimulant les prisonniers politiques dans des sites militaires inaccessibles.

Le régime a interdit l'accès au territoire à la plupart des journalistes indépendants, mais un journaliste du service en arabe de la BBC a été autorisé à accompagner une équipe d'observateurs algériens de la Ligue arabe et à filmer sans restrictions.

Selon ce journaliste, des manifestants et des habitants ont rapporté aux inspecteurs des cas de mauvais traitements en détention. Les observateurs ont également pu assister à une manifestation dans laquelle les opposants réclamaient l'exécution de Bachar al Assad. (Gregory Schwartz pour le service français)