par Elizabeth Piper et Andrew MacAskill

LONDRES, 7 novembre (Reuters) -

Le gouvernement britannique a dévoilé mardi ses projets pour combattre la criminalité et relancer la croissance économique, tout en faisant marche arrière sur des mesures visant à lutter contre le changement climatique, un programme clairement destiné à le remettre en selle en vue des élections prévues en 2024.

Dans un programme rédigé par le gouvernement mais lu par le roi Charles III devant la Chambre des Lords, le Premier ministre Rishi Sunak s'est employé à se démarquer du parti travailliste, largement en tête dans les sondages avant le scrutin de l'an prochain.

En misant sur le durcissement des peines pour les auteurs d'infractions violentes et en révisant à la baisse les objectifs du pays en matière de climat, présentés comme un fardeau pour les ménages, Rishi Sunak espère séduire l'électorat populaire et combler l'écart avec l'opposition travailliste.

Le discours du roi n'a rien dévoilé de nouveau mardi mais a servi de recueil des différentes mesures que Rishi Sunak a prises depuis qu'il a été propulsé à la tête du gouvernement l'an dernier par les déboires de ses deux prédécesseurs conservateurs, Boris Johnson et Liz Truss.

"Mon gouvernement s'efforcera, à tous égards, de prendre des décisions à long terme dans l'intérêt des générations futures", a déclaré le roi Charles, coiffé de la couronne impériale, pour son premier discours au Parlement britannique en tant que souverain.

"En prenant ces décisions de long terme, mon gouvernement changera ce pays et construira un avenir meilleur", a-t-il poursuivi.

Le discours, que le roi se devait protocolairement de prononcer sans rien manifester, a marqué l'entrée de la Grande-Bretagne dans la campagne électorale.

COUP DE FREIN SUR LE CLIMAT

Le Parti travailliste ne s'y est pas trompé, accusant les conservateurs de n'avoir rien d'autre à proposer que "de l'agitation et de la division".

"Le Labour a un programme qui permettra de redonner un avenir à la Grande-Bretagne", a commenté le dirigeant travailliste Keir Starmer.

Le discours lu par Charles III a laissé entendre que le gouvernement ne céderait pas aux pressions exercées par certains élus conservateurs qui lui demandent de réduire les impôts dès cette année.

Les ministres "s'attaqueront à l'inflation et aux causes de la faible croissance plutôt qu'aux demandes d'augmentation des dépenses ou des emprunts", a dit le souverain.

"Mes ministres soutiendront la Banque d'Angleterre pour ramener l'inflation à son niveau cible en prenant des décisions responsables en matière de dépenses et d'emprunts", a-t-il poursuivi, évoquant des mesures qui permettront de soutenir le pouvoir d'achat, de réduire la dette du secteur public et de préserver la santé financière britannique.

Sur le plan environnemental, sujet particulièrement cher à Charles III, Rishi Sunak a présenté dans un discours introductif des mesures qui risquent de compromettre les engagements du pays en matière de climat, comme le report de l'interdiction de la vente des véhicules à moteur thermique, ou la possibilité de délivrer chaque année de nouvelles licences d'exploitation de gisements de pétrole et de gaz en mer du Nord.

Les conservateurs assurent que ces mesures ne remettent nullement en cause l'objectif de parvenir à la neutralité carbone d'ici à 2050, tout en évitant de peser davantage sur les finances des ménages.

"Ces priorités immédiates ne doivent pas brider notre ambition", a conclu Rishi Sunak. "Elles ne sont que les fondations de notre programme visant à bâtir un avenir meilleur pour nos enfants et nos petits-enfants, et à apporter le changement dont le pays a besoin." (Reportage Kylie MacLellan; version française Victor Goury-Laffont et Tangi Salaün, édité par Blandine Hénault)