PARIS, 14 janvier (Reuters) - Catherine Deneuve présente ses excuses aux victimes d'agressions qui se sont senties offensées par la tribune polémique que l'actrice a récemment signée, avec 99 autres femmes, pour défendre une supposée "liberté d'importuner".

"Je salue fraternellement toutes les victimes d’actes odieux qui ont pu se sentir agressées par cette tribune parue dans le Monde, c'est à elles et à elles seules que je présente mes excuses", écrit-elle dans un texte publié dimanche sur le site de Libération, cinq jours après le début de la controverse.

La tribune contestée, parue mardi dans le journal Le Monde, se présentait comme une réaction au flot de témoignages de femmes, sous les mots-clefs "metoo" et "balancetonporc", déclenché par les révélations sur les agissements du magnat d'Hollywood Harvey Weinstein.

"La drague insistante ou maladroite n'est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste" et "cette fièvre à envoyer les 'porcs' à l'abattoir (...) sert en réalité les intérêts des ennemis de la liberté sexuelle", pouvait-on y lire.

Des figures du féminisme, comme la militante Caroline De Haas, ont alors dénoncé le contenu de ce texte, signé entre autres par l'écrivaine Catherine Millet et l'actrice Ingrid Caven, en quoi elles ont vu une tentative d'étouffer une parole en train de se libérer.

Dans Libération, Catherine Deneuve se dit toujours attachée aux principes édictés dans la tribune originelle mais précise qu'il lui "paraît absolument nécessaire aujourd'hui de souligner (son) désaccord avec la manière dont certaines pétitionnaires s’octroient individuellement le droit de se répandre dans les médias".

Sans la nommer, elle s'en prend notamment à l'actrice Brigitte Lahaie, qui a déclaré au cours d'un débat sur BFM TV qu'il était possible pour une femme de "jouir lors d'un viol".

Cette déclaration "est pire qu'un crachat au visage de toutes celles qui ont subi ce crime", cingle Catherine Deneuve, rappelant au passage qu'elle a paraphé en 1971 le "manifeste des 343" en faveur du droit à l'avortement.

"C’est pourquoi je voudrais dire aux conservateurs, racistes et traditionalistes de tout poil qui ont trouvé stratégique de m’apporter leur soutien que je ne suis pas dupe. Ils n’auront ni ma gratitude ni mon amitié", ajoute-t-elle. (Simon Carraud, édité par Eric Faye)