* Les résultats préliminaires attendus le 31 décembre

* L'opposition et les observateurs contestent la crédibilité des résultats

* De nouvelles manifestations ne seront pas tolérés-gouvernement

par Ange Kasongo

KINSHASA, 28 décembre (Reuters) - La République démocratique du Congo (RDC) n'annulera pas les résultats de l'élection présidentielle organisée la semaine dernière, en dépit des appels répétés de l'opposition en faveur d'un nouveau scrutin, a déclaré jeudi le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya.

Les résultats partiels du vote qui a eu lieu le 20 décembre montrent que le président sortant, Félix Tshisekedi, possède une avance considérable sur ses adversaires.

L'élection contestée menace de déstabiliser davantage la RDC, le premier producteur mondial de cobalt et d'autres minerais et métaux industriels, déjà touchée par la pauvreté et une crise sécuritaire dans l'est du pays.

La police a dispersé par la force mercredi une manifestation interdite dans la capitale du pays, Kinshasa, organisée par des personnes dénonçant les dysfonctionnements qui ont entaché le dernier scrutin.

L'opposition a signalé des irrégularités et des fraudes à grande échelle. La commission électorale (CENI) nie ces accusations.

Patrick Muyaya a déclaré que l'opposition devrait attendre la publication des résultats définitifs et les contester devant les tribunaux si nécessaire.

"La cohérence voudrait que comme ils (les membres de l'opposition) ont commencé le match, qu'ils attendent la fin du match (...) Comme ça, ils pourront voir comment contester les résultats", a-t-il déclaré aux journalistes.

L'équipe de Moïse Katumbi, l'un des principaux rivaux de Félix Tshisekedi, a exclu le recours aux voies légales pour contester les résultats, affirmant que les institutions de l'État s'étaient engagées à faire basculer le vote en faveur du président, et que le scrutin devait être annulé. D'autres partis d'opposition ont également appelé à un nouveau vote.

Patrick Muyaya a indiqué que le gouvernement s'engageait à assurer un scrutin équitable et transparent.

"La contestation des résultats ne se fait pas dans la rue. Nous, comme gouvernement, allons prendre des dispositions pour nous assurer que l'ordre public est en tout temps et en tout lieu maintenu à travers la République ", a-t-il déclaré.

La CENI devrait publier à nouveau les résultats préliminaires de l'élection présidentielle avant le 31 décembre. Selon le dernier décompte, Félix Tshisekedi devance largement ses 18 adversaires, avec plus de 77% des quelque 9,3 millions de voix dépouillées jusqu'à présent.

La Symocel, une équipe d'observateurs locaux, a adressé le 26 décembre une lettre à la CENI pour signaler la mauvaise gestion du matériel électoral et la conduite d'opérations électorales en dehors des centres de vote par les fonctionnaires de la commission dans plusieurs provinces. "Le taux de ce phénomène (...) est si élevé et est de nature a fausser de manière imparable les résultats des scrutins que votre institution proclame progressivement", indique la lettre.

Le coordinateur de la Symocel, Luc Lutala, a confirmé mercredi l'authenticité de la lettre et déclaré à Reuters qu"il y a autant de problème dans le déroulement que dans le dépouillement de ce scrutin".

La CENI n'a pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire. (Rédigé par Anait Miridzhanian, version française Dagmarah Mackos, édité par Kate Entringer)