NEW YORK (awp/afp) - Les cours du coton ont tenté de se reprendre durant la semaine aux Etats-Unis avant de réduire leurs gains jeudi, après des chiffres de ventes montrant le peu d'appétit du marché malgré des prix très bas.

Le ministère américain de l'Agriculture (USDA) a annoncé jeudi, dernier jour d'une semaine d'échanges écourtée par le Vendredi saint, qu'il ne s'était vendu que 84.000 balles de coton à l'exportation la semaine dernière, alors que Louis Rose, chez Risk Analytics, en attendait près du double.

"Si on n'arrive pas à vendre à moins de 60 cents la livre, ça ne peut pas être une bonne nouvelle", a-t-il dit, d'autant qu'en début de semaine les chiffres sur les cargaisons à prête à l'expédition avaient également été médiocres.

Plus généralement, le marché reste dans l'attente de l'annonce par les autorités chinoises qu'elles vont commencer à mettre en vente leurs énormes stocks de coton.

Mercredi le Wall Street Journal, citant un responsable chinois, a indiqué que ces ventes pourraient débuter dans la deuxième quinzaine d'avril. "La plus grande partie sera vendue à des acheteurs [chinois] mais cela pourrait toucher les prix mondiaux en réduisant la demande pour le coton d'origine étrangère" en Chine, troisième consommateur au monde, expliquait le journal.

Plus inquiétant encore, les autorités chinoises s'apprêteraient à donner la priorité aux stocks de meilleure qualité, à en croire le quotidien, alors que jusqu'à présent certains investisseurs cherchaient à se rassurer en soulignant qu'une grande partie des réserves chinoises sont d'une qualité trop médiocre pour tenter beaucoup de filatures.

"Un total de 6 millions de tonnes devraient être mises aux enchères, principalement sur le marché intérieur", selon Jack Scoville, de Price Futures Group.

Par ailleurs, le marché restait dans des marges étroites, dans l'expectative avant la publication jeudi prochain du rapport de l'USDA sur les intentions de semis.

- cultures de substitution -

"Je m'attends à une légère augmentation des surfaces" cultivées par rapport à l'an dernier, a déclaré Chris Kramedjian, chez FC Stone.

Selon lui en effet, les plantations avaient souffert l'an dernier du mauvais temps et certains agriculteurs qui avaient essayé des cultures de substitution, notamment dans le Texas où du sorgho avait été cultivé au lieu du coton, ont été déçus.

Ces deux facteurs devraient selon M. Kramedjian déboucher sur une comparaison favorable pour l'étendue des surfaces de coton, de nature à peser sur les cours.

M. Scoville a également noté que le temps était devenu favorable aux semis, ce qui devrait encourager les agriculteurs.

Mais M. Rose était plus circonspect, notant de son côté que dans le centre-sud des Etats-Unis, du Missouri à l'Arkansas, au Tennessee et au Mississippi, certains agriculteurs se prépareraient à planter du soja là où ils ont cultivé l'année dernière du coton.

"Cela coûte beaucoup plus cher de cultiver le coton que le soja", a noté M. Rose, indiquant qu'il tablait sur une légère réduction des surfaces par rapport aux premières estimations avancées par l'USDA en février.

Les prix du coton sont au plus bas depuis six ans et demi, alors que les cours du soja, sans être élevés à moins de 10 dollars le boisseau (environ 25 kg), se maintiennent dans des marges étroites.

La livre de coton pour livraison en mai, contrat le plus actif sur l'Intercontinental Exchange (ICE), a terminé jeudi à 57,72 cents, contre 57,16 vendredi dernier, soit une hausse de 0,98%.

L'indice Cotlook A, moyenne quotidienne des cinq prix du coton les plus faibles sur le marché physique dans les ports d'Orient, s'affichait à 66,30 dollars les 100 livres, contre 66,40 dollars en fin de semaine précédente, un repli de 0,15%.

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