WASHINGTON (Reuters) - Au moment de s'exprimer pour la première fois lors d'une session conjointe du Congrès, le président américain Joe Biden va revêtir mercredi un nouveau costume: celui de représentant commercial en chef.

Durant les 100 premiers jours de son mandat, le locataire démocrate de la Maison blanche a souvent adopté un ton austère, évoquant l'épidémie de coronavirus qui a causé plus de 570.000 décès aux Etats-Unis, les millions de personnes mises au chômage par la crise sanitaire et les fusillades survenues dans le pays.

Alors que la majorité des postes au sein de son administration sont pourvus et qu'il a signé un éventail de décrets présidentiels dès son entrée en fonction, Joe Biden sait que l'essentiel de son programme politique repose désormais entre les mains du Congrès, où les démocrates disposent d'une majorité ténue.

L'ancien sénateur et vice-président veut donc s'évertuer à convaincre électeurs et parlementaires réfractaires que des efforts collectifs et des milliers de milliards de dollars de dépenses sont nécessaires pour rénover les Etats-Unis et lutter contre la Chine, ont répété ces dernières semaines des représentants de l'administration et des alliés de celle-ci, notamment au Congrès.

Le projet "Build Back Better" (Mieux reconstruire) vanté par Joe Biden séduit une majorité d'électeurs à travers le pays mais, au Capitole, la donne est différente. Le massif plan de relance de 1.900 milliards de dollars pour compenser l'impact de la crise sanitaire n'a reçu le soutien d'aucun élu républicain lorsqu'il a été adopté début mars par le Congrès.

Joe Biden prévoit mercredi de mettre en avant un autre projet populaire dans l'opinion publique: investir 1.500 milliards de dollars dans les services à l'enfance et l'éducation, en taxant pour cela les grandes fortunes américaines.

A cela s'ajoute le plan de 2.000 milliards de dollars pour les infrastructures et l'emploi que l'administration Biden entend financer en relevant les impôts sur les sociétés américaines. Les républicains considèrent le plan trop important et ont dévoilé la semaine dernière un ensemble budgétaire alternatif nettement moins coûteux.

DES DIZAINES DE MILLIONS DE TÉLÉSPECTATEURS ESPÉRÉS

Il est attendu que Joe Biden s'efforce mercredi de convaincre les Américains que son plan d'infrastructures va au-delà de la simple rénovation des routes, et que taxer les plus riches afin d'investir dans des projets à long terme est bénéfique à l'économie.

Une fois son discours prononcé devant le Congrès, le président américain a prévu de se rendre jeudi en Géorgie puis vendredi en Pennsylvanie, deux Etats cruciaux remportés par Joe Biden lors de l'élection présidentielle de novembre dernier. Des déplacements supplémentaires devraient suivre.

D'après un sondage Reuters/Ipsos, plus de la moitié des Américains (55%) disent avoir une opinion favorable de Joe Biden, une cote de popularité que son prédécesseur républicain Donald Trump n'a jamais atteint durant ses quatre années de mandat. Les propositions de Biden sur les infrastructures et les taxes sur les plus riches sont accueillies très positivement, montre l'enquête.

Le discours que va prononcer Joe Biden mercredi s'adresse à un public bien plus large que le groupe restreint de parlementaires autorisés au Capitole du fait des mesures sanitaires, ont dit des conseillers. Il vise les dizaines de millions de téléspectateurs qu'espère la Maison blanche.

Parallèlement, des conseillers de la Maison blanche souhaitent que Joe Biden évoque dans son discours un éventail de questions politiques, dont la réforme de la police et les affaires étrangères.

Joe Biden demande à ses équipes de résumer les concepts dans un style direct et dans des termes faciles à mémoriser, en effectuant seulement des promesses qu'elles peuvent tenir. Exemple: garantir 100 millions de vaccins contre le coronavirus durant les 100 premiers jours de son mandat, un objectif largement communiqué et atteint rapidement, avant d'être doublé.

(version française Jean Terzian)

par Trevor Hunnicutt