Londres (awp/afp) - L'envolée du dollar et des rendements obligataires américains provoquée par l'élection de Donald Trump, a entraîné un recul de l'or sur la semaine, tout comme d'autres métaux précieux.

Ces deux valeurs refuges s'étaient appréciées ces dernières semaines avec la perspective d'un retour à la Maison Blanche du candidat républicain, dont les politiques sont considérées comme inflationnistes.

Ces hausses n'avaient cependant pas entravé l'attrait pour l'or, qui avait atteint un record de 2.790,10 dollars l'once fin octobre, malgré la concurrence entre ces trois placements considérés comme sûrs.

Mais "l'ampleur de l'appréciation" du dollar et des rendements obligataires s'est révélée "trop forte pour être ignorée" cette semaine, relève Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank.

Par ailleurs, "la victoire de Trump a levé une partie de l'incertitude politique" qui soutenait jusqu'ici le cours du lingot, selon les analystes d'UBS. Ils constatent que les spéculateurs ont quitté l'or pour les actions, liquidant pour certains leurs positions sur le métal jaune.

Cette baisse reflète aussi en partie "une correction" de la fièvre acheteuse des dernières semaines, estime Barbara Lambrecht, de Commerzbank.

Vendredi, vers 15H00 GMT (16H00 à Paris), l'once d'or s'échange à 2.691,67 dollars, contre 2.736,53 dollars sept jours plus tôt.

Les autres métaux précieux ont également pâti des résultats du scrutin américain, le nouveau président républicain étant susceptible d'instaurer de nouveaux droits de douane qui pourraient "entraver le commerce extérieur et ainsi peser sur la demande", relève M. Fritsch.

C'est le cas du palladium, utilisé dans l'industrie, qui a perdu plus de 9% sur la semaine. Son prix a même chuté d'environ 20% si l'on part d'un sommet atteint fin octobre, notamment en raison des mesures de relance économique en Chine, jugées décevantes.

L'argent, crucial pour le photovoltaïque ou les voitures électriques, pourrait par ailleurs souffrir d'un ralentissement du processus décarbonation de l'économie avec Donald Trump, selon Commerzbank.

Le cuivre en courant alternatif

Le cuivre a reculé au cours d'une semaine marquée par des variations en dents de scie du marché des métaux de base après l'élection de Donald Trump.

Mercredi, les prix du cuivre ont dégringolé dans la foulée de l'annonce de sa victoire, en raison de "l'appréciation du dollar, combinée à la crainte d'une guerre commerciale avec la Chine", affirme Barbara Lambrecht de Commerzbank.

La demande pour le métal, utilisé dans les éoliennes et les batteries de voitures électriques, pourrait en outre chuter car Donald Trump envisage de remettre en cause les politiques actuelles de décarbonation aux Etats-Unis. Un "fardeau supplémentaire" pour la transition écologique selon l'analyste.

"L'augmentation en octobre des importations chinoises de cuivre constitue toutefois un contrepoint positif", ajoute-t-elle.

Le cours a rattrapé ses pertes jeudi, ce qui s'explique selon Ole Hansen, analyste chez Saxobank, par le fait que les droits de douane de 60% promis par Donald Trump sur les produits chinois --dont ceux fabriqués à base de cuivre-- mettront des mois à être mis en place, comme ce fut le cas pour lors de son précédent mandat.

La valeur du métal a cependant chuté à nouveau vendredi, après des annonces de Pékin pour relancer l'économie, considérées par les marchés "comme un moyen d'éviter une crise financière en Chine" plutôt qu'"un moyen de stimuler la consommation", explique Kathleen Brooks, analyste chez XTB.

Sur le LME, la tonne de cuivre coûtait 9.480 dollars, contre 9.570,50 dollars sept jours plus tôt à la clôture.

Le cacao grimpe

Les cours du cacao ont augmenté cette semaine, avec des estimations de production revues à la baisse et une perspective de hausse du prix des fèves en Afrique de l'Ouest.

"Le Ghana estime désormais la production de cette année à 650.000 tonnes, contre 700.000 précédemment", explique Jack Scoville, analyste chez Price Futures Group, renforçant la pression sur l'offre.

"Le climat a été très humide en Afrique de l'Ouest ces derniers temps", remarque l'analyste, ce qui fait craindre le développement d'une maladie des cacaoyer, qui se manifeste par des taches brunes puis noires sur ses fruits, les cabosses.

Pour améliorer les revenus des agriculteurs, le Ghana a par ailleurs augmenté de près de 45% le prix fixe d'achat des fèves de cacao pour la saison 2024/2025 qui a débuté en septembre.

Cette décision, qui lui permet de se rapprocher du prix pratiqué en Côte d'Ivoire (1.800 francs suisses CFA par kilogramme), devrait avoir une répercussion sur les prix, selon les investisseurs.

La Côte d'Ivoire et le Ghana fournissent à eux deux plus de la moitié de la production mondiale de cacao, respectivement 39% et 16% selon l'Organisation internationale de cacao (ICCO). Les informations de la région influencent fortement les cours.

La tonne de cacao pour livraison en mars vaut 5.667 livres vendredi à Londres, contre 5.435 livres une semaine plus tôt.

A New York, la tonne pour livraison en décembre s'échange à 7.127 dollars (5.510 livres), contre 6.950 dollars vendredi dernier à la clôture.

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