Bâle (awp/ats) - Les denrées alimentaires bio ont atteint pour la première fois en 2019 une part de marché de 10,3%. La Suisse romande a dépassé la Suisse alémanique. En cinq ans, le chiffre d'affaires des produits bio est passé de 2,2 à 3,2 milliards de francs suisses.

"Le bio poursuit sa croissance", s'est réjoui le directeur de Bio Suisse Balz Strasser, mercredi lors d'une conférence de presse en ligne. "Nous avons à nouveau progressé dans presque tous les secteurs et régions de Suisse en 2019".

"Pendant la pandémie de coronavirus, toute l'agriculture suisse a obtenu beaucoup de respect et de confiance de la part de la population", a pour sa part souligné le président de Bio Suisse Urs Brändli. Dans le commerce de détail, les ventes de produits bio ont notamment connu des progressions allant jusqu'à 30%.

Suisse romande en tête

Avec une croissance de 4,7%, la Suisse romande s'est placée devant la Suisse alémanique (3,1%) l'an dernier et a atteint pour la première fois une part de marché plus grande (10,5%, contre 10,4%). Cela s'explique par le fort engagement des organisations romandes, mais aussi par un changement de comportement des consommateurs et par des projets de soutien de certains cantons, comme Vaud ou le Valais, a expliqué le responsable du marketing Jürg Schenkel.

"Il y a aussi un effet de rattrapage", a relevé de son côté le responsable romand de Bio Suisse Pascal Olivier. En outre, l'information des médias a joué un rôle, tout comme le fait que la France, qui exportait certains produits bio, consomme désormais l'entier de sa production.

Au Tessin, le chiffre d'affaires a progressé de 1,3% pour atteindre une part de marché de 8,9%. En cinq ans, le chiffre d'affaires des produits bio est passé de 2,2 à 3,2 milliards de francs suisses.

Demande de durabilité

Deux tiers des ventes ont été réalisées avec les produits frais, qui représentent la plus grande part de marché. Les œufs arrivent en tête (28,7%), suivis du pain (26,1%) et des légumes (23,1%). Les produits préemballés n'atteignent que 7,4%, mais leur croissance est trois fois supérieure à celle des produits frais. La clientèle demande en effet un assortiment toujours plus large.

En raison de la demande "exceptionnellement élevée" pour le lait et surtout le beurre, les organisations du lait bio ont récemment décidé d'annuler à partir du 1er juin les listes d'attente pour les nouvelles fermes Bourgeon. Le but est d'éviter un goulet d'étranglement.

Changement de comportement

Selon un sondage réalisé par Demoscope, un sondé sur trois affirme que la durabilité revêt une grande importance à ses yeux, alors que six ans plus tôt, il n'y en avait qu'un sur six. Ce développement se reflète également dans le comportement d'achat de la population, note Bio Suisse.

Une personne sur quatre achète plusieurs fois par mois des produits alimentaires bio, et 57% tous les jours ou plusieurs fois par semaine. L'an dernier, la population suisse a acheté en moyenne pour 377 francs suisses de denrées alimentaires bio par habitant; "un record mondial", s'est réjoui Balz Strasser.

La surface du canton de Zurich

Quelque 300 nouvelles entreprises agricoles, dont 84 en Suisse romande, ont entamé leur reconversion en début d'année. La Suisse et le Liechtenstein comptent désormais 7300 exploitations produisant selon le cahier des charges "Bourgeon".

Ces producteurs cultivent désormais 169'360 hectares (+8750 hectares), environ un sixième de la surface agricole utile. "Il s'agit d'une surface équivalente au canton de Zurich", a relevé M. Strasser. La proportion est beaucoup plus élevée en région de montagne, où près d'un quart de la surface est bio.

Berne (1318) et les Grisons (1255) restent les cantons qui comptent le plus de fermes "Bourgeon", devant St-Gall (466), Zurich (428) et Lucerne (420). Lucerne et le Valais, où de nombreux viticulteurs sont passés au bio, présentent la plus importante progression en termes de pourcentage.

Bio Suisse espère que d'ici 2025, un quart des exploitations agricoles soient bio. L'organisation veut aussi atteindre une part de marché de 15%. "Pour cela, nous voulons entrer dans l'assortiment de la restauration à l'emporter, des kiosques et des shops des stations-service, ainsi que dans la restauration, notamment collective", a encore expliqué Balz Strasser.

ats/jh