Paris (awp/afp) - Le dollar grimpe et les taux d'emprunt se tendent vendredi, entraînant vers le bas les Bourses mondiales, après des chiffres sur l'emploi américain.

Paris a terminé en baisse de 0,79%, Londres de 0,86%, et Francfort de 0,50%. A Zurich, le SMI a cédé 1,13%.

A New York, le Nasdaq chutait de 1,88%, le Dow Jones de 1,60% et le S&P 500 de 1,62% vers 17H30 GMT.

Les créations d'emploi se sont accélérées au mois de décembre aux Etats-Unis, entraînant le taux de chômage en légère baisse et prenant à revers les attentes des marchés qui anticipaient un ralentissement.

Sur le dernier mois de l'année, 256.000 emplois ont été créés, davantage que le mois précédent dont les chiffres ont en revanche été révisés en légère baisse (212.000 contre 227.000 initialement), ramenant le chômage à 4,1% (-0,1 point), selon les données officielles publiées vendredi.

Les analystes tablaient au contraire sur un ralentissement des créations d'emploi et un taux de chômage stable, selon le consensus publié par Briefing.com.

Du point de vue des investisseurs, ce rapport est "peut-être trop positif (...) ce qui alimente la perspective d'une inflation persistante, car le marché du travail est encore solide", avance Patrick O'Hare, de Briefing.com.

"Si cette robustesse se poursuit, cela plaide certainement en faveur d'un maintien des taux d'intérêt par la Réserve fédérale américaine à un niveau plus élevé encore un peu plus longtemps que ce qui était prévu il y a quelques mois", prévoit Christian Scherrmann, économiste américain chez DWS.

La majorité des analystes s'attend à deux baisses de taux en 2025, comme l'a laissé penser l'institution fin 2024, mais "plutôt sur le deuxième semestre", précise Mabrouk Chetouane, responsable de la stratégie de marché de Natixis IM, interrogé par l'AFP.

"Cela montre aussi que ce n'est pas nécessaire à ce stade de mettre l'économie américaine sous stéroïdes comme souhaiterait le faire Donald Trump avec un tas mesures budgétaires de soutien", poursuit M. Chetouane.

Selon lui, une telle politique "rajouterait de la pression à un système déjà sous pression", faisant référence au marché obligataire, qui "commence à sentir un seuil de douleur se manifester".

En effet, le rendement des emprunts d'Etat américain à dix ans a atteint vendredi un plus haut depuis octobre 2023 et ressortait à 4,75% vers 17H20 GMT contre 4,69% jeudi en clôture.

Dans son sillage, le rendement à 10 ans de la France (+3,43% à 17H20 GMT contre +3,39% la veille) a atteint vendredi son plus haut niveau depuis novembre 2023, et celui de l'Allemagne (+2,59%) a touché un nouveau plus haut depuis juillet 2024.

Le taux d'emprunt des obligations britanniques à 30 ans a enregistré jeudi un nouveau sommet depuis juillet 1998, et les rendements des emprunts à 10 ans de l'Etat britannique sont au plus haut depuis juillet 2008.

Côté devises, le dollar est lui aussi monté en flèche après cette publication d'emploi, l'indice Dollar Index, qui compare le billet vert à un panier de devises, atteignant son plus haut depuis novembre 2022 à 109,966 points.

Le Brent a dépassé 80 dollars ___

Les cours du pétrole bondissent vendredi, après que Washington a annoncé avoir pris de nouvelles sanctions contre le secteur énergétique russe pour saper "la plus grande source de financement du Kremlin" mise au service de l'effort de guerre en Ukraine.

Les sanctions visent notamment deux des principales sociétés russes du secteur, Gazprom et Sourgoutneftegaz, ainsi que près de 200 pétroliers et méthaniers opérant depuis la Russie et présentés comme faisant partie de la "flotte fantôme" de Moscou.

Vers 17H20 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mars, montait de 3,19% à 79,37 dollars, après avoir dépassé la barre des 80 dollars pour la première fois depuis octobre 2024.

Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, pour livraison en février, augmentait de 3,17% à 76,26 dollars.

Le gaz naturel atteignait la barre des 45 euros le mégawattheure (MWh).

Le bitcoin gagnait 2,15% à 94.086 dollars.

Holcim en baisse ___

Le cimentier Holcim (-1,55%) avance dans son projet de scission de ses activités nord-américaines en choisissant d'en confier le poste de PDG à Jan Jensich, son emblématique patron et actuel président, et en désignant le Danois Kim Fausing pour lui succéder à la tête du groupe.

afp/rp