Paris (awp/afp) - Les Bourses mondiales s'enfoncent en terrain négatif vendredi après un rapport sur l'emploi américain mitigé, laissant les marchés s'interroger quant à l'ampleur de la première baisse des taux de la banque centrale américaine (Fed) en septembre.

Les Bourses européennes ont connu une séance en dents de scie, passant du rouge au vert pour finalement terminer en net repli. La Bourse de Francfort a rendu 1,48%, Paris 1,07%, Londres 0,73%, Milan 1,17% et Zurich 1,02%. Sur la semaine, toutes ces places ont lâché plus de 3%, à l'exception de Londres qui a perdu 2,33%.

A New York, le Nasdaq s'enfonçait de 2,49%, le S&P 500 de 1,62% et le Dow Jones de 0,94% vers 15H50 GMT. Le bilan hebdomadaire des bourses américaines était lui aussi nettement négatif.

"Le rapport sur l'emploi aux Etats-Unis n'a pas apporté de clarification. Il n'est pas assez mauvais pour nourrir le scénario de récession, mais il n'est pas non plus suffisamment bon pour écarter les doutes quant à l'ampleur du ralentissement de l'économie américaine", résume Amélie Derambure, gérante multi-asset chez Amundi

Le taux de chômage a, comme attendu, légèrement reculé en août aux Etats-Unis, à 4,2% contre 4,3% en juillet, selon le département du Travail américain.

Mais alors que les analystes s'attendaient à environ 165.000 créations d'emplois en août, il n'y en a finalement eu que 142.000, secteurs privé et public confondus. De plus, les mois de juin et juillet ont fait l'objet d'une révision à la baisse des premières estimations, amputant le total de 86.000 emplois.

"Chacun peut voir ce rapport de la façon dont il le souhaite: les optimistes diront qu'on revient à des niveaux pré-covid et qu'il s'agit seulement d'une normalisation et les plus pessimistes y verront le début d'une tendance plus sombre pour l'économie américaine", explique Amélie Derambure.

La publication pousse aussi les investisseurs à anticiper davantage la probabilité d'une baisse des taux de 50 points de base de la Fed en septembre.

Or, ce scénario signifierait "que la bataille contre l'inflation est gagnée mais que la croissance est attaquée", résume Amélie Derambure.

La volatilité sur les marchés étaient aussi alimentée par des déclarations de banquiers centraux américains. Christopher Waller, membre du Conseil des gouverneurs de la Fed s'est notamment déclaré "ouvert d'esprit quant à l'ampleur et au rythme des baisses des taux" de l'institution monétaire américaine.

Face à l'incertitude, qui génère de l'aversion pour les actifs risqués comme les actions, les investisseurs se tournaient davantage vers les obligations, jugées plus sûres, qui se détendent nettement (le prix des obligations évolue en sens inverse de leurs taux).

Le taux d'intérêt des emprunts des Etats-Unis à deux ans, le plus sensible aux anticipations de politique monétaire, évoluait à 3,67% contre 3,74% en clôture jeudi. Son équivalent à dix ans était quant à lui à 3,68%, contre 3,73%.

En Europe, le taux allemand à dix ans s'établissait à 2,17%, contre 2,21%.

Les semi-conducteurs lestés

A la cote new yorkaise, des prévisions jugées décevantes valaient à Broadcom d'être sanctionné (-9,69%), malgré des résultats supérieurs aux attentes. Wall Street s'inquiétait aussi d'une croissance de seulement 5% sur les microprocesseurs (le groupe vend aussi des logiciels), qui relativise la dynamique de l'intelligence artificielle (IA) pour le groupe.

Le secteur des semi-conducteurs, malmené ces derniers jours, réagissait mal à cette publication, Nvidia chutait de 5,04%, Marvell Technology de 5,71%, Super Micro de 7,46% et Arm de 5,57%.

En Europe, ASML a lâché 5,42% à Amsterdam, STMicroelectronics 3,04% à Paris et Infineon 3,54% à Francfort.

Le pétrole en repli

Les prix du pétrole se retournaient vers 16H10 GMT et s'installaient en terrain négatif: le baril de Brent de la mer du Nord lâchait 2,23%, à 71,07 dollars, peu après avoir atteint un plus bas en un an et demi et celui du WTI, son équivalent américain, cédait 2,10%, à 67,74 dollars.

Sur le marché des changes, le dollar reculait de 0,17% par rapport à l'euro, à 1,1092 dollar pour un euro.

Le bitcoin perdait 3,09% à 54.344 dollars.

afp/al