par Mitra Taj et Jeff Mason

LIMA, 21 novembre (Reuters) - Les chefs d'Etat et de gouvernement du forum de Coopération Asie-Pacifique (Apec) se sont engagés dimanche à combattre le protectionnisme et ont encouragé les Etats signataires du Partenariat transpacifique (TPP) à ne pas renoncer à sa mise en oeuvre.

"Nous réaffirmons notre engagement à maintenir nos marchés ouverts et à lutter contre toutes les formes de protectionnisme", disent-ils dans le communiqué final du 28e sommet qui se tenait à Lima.

Donald Trump, qui prendra ses fonctions de président des Etats-Unis le 20 janvier, s'est dit hostile au TPP, l'accord de libre échange signé par 12 pays, dont les Etats-Unis, mais pas encore ratifié. Il a également menacé d'imposer de lourds droits de douane aux produits en provenance de Chine et du Mexique.

Pour son dernier déplacement à l'étranger, le président américain sortant Barack Obama a déclaré qu'abandonner le TPP serait une erreur pour les Etats-Unis.

"Je pense que ne pas aller de l'avant affaiblirait notre position dans la région et notre capacité à forger les règles du commerce mondial d'une manière qui reflète nos valeurs et nos intérêts", a déclaré le président démocrate lors de la conférence de presse donnée en clôture du sommet.

VERSION ALTERNATIVE

La Chine, qui n'est pas partie au TPP, cherche à promouvoir une version alternative du commerce en Asie avec l'Accord de partenariat économique régional intégral (RCEP), un accord de libre échange entre les dix membres de l'Asean et six autres Etats, dont la Chine et le Japon, auquel les pays américains ne sont pas parties pour l'instant.

Tan Jian, membre de la délégation chinoise au sommet de l'Apec, a déclaré que de nouveaux pays voulaient rejoindre le RCEP, notamment le Pérou et le Chili.

Dans leur déclaration finale, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Apec affirment que le TPP et le RCEP sont tous les deux des moyens valables de parvenir à la création de la grande Zone de libre-échange de l'Asie-Pacifique (FTAAP), but de longue date de l'Apec.

"Nous encourageons le maintien de toutes les entreprises régionales, TPP et RCEP (...)", disent les dirigeants.

Le Premier ministre néo-zélandais, John Key, a déclaré que les membres du TPP pourraient peut-être incorporer "des changements cosmétiques" pour rendre l'accord acceptable pour Donald Trump.

L'administration Obama a exprimé des réticences envers le RCEP, estimant qu'il ne protégeait pas aussi bien que le TPP les droits des salariés, l'environnement ou la propriété intellectuelle.

La délégation chinoise a mis en garde contre la "politisation" des accords commerciaux qui ne doivent pas être seulement pour les pays riches.

Le président péruvien Pablo Kuczynski, qui accueillait le sommet, a estimé qu'il était trop tôt pour renoncer au TPP et a indiqué qu'à son avis le vote Trump était davantage dû à des "conditions économiques difficiles" qu'à un sentiment protectionniste féroce. (Rosalba O'Brien, Mitra Taj, Kiyoshi et Caroline Stauffer; Jean-Philippe Lefief et Danielle Rouquié pour le service français)