L'explosion soudaine du chaos politique en Corée du Sud a mis les investisseurs asiatiques sur la défensive, ce qui laisse présager une ouverture prudente des marchés sur le continent mercredi, malgré la bonne tenue de Wall Street la veille.
Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a décrété la loi martiale mardi pour contrer les "forces antiétatiques" parmi ses opposants, créant ainsi le défi le plus sérieux à la démocratie du pays depuis les années 1980, avant de la lever quelques heures plus tard après que les législateurs aient rejeté la mesure et que des manifestants se soient rassemblés devant le parlement.
La déclaration initiale a eu un impact immédiat sur le won, qui est tombé à son plus bas niveau depuis deux ans par rapport au dollar. À un moment donné, il a perdu 2 % et s'apprêtait à subir sa plus forte perte en une journée depuis le 9 novembre 2016, le lendemain de l'élection américaine de 2016 qui a porté Donald Trump au pouvoir et a commencé à faire tourner l'horloge d'une guerre commerciale imminente avec la Chine.
Cela a cimenté le statut indésirable du won en tant que monnaie asiatique majeure la moins performante par rapport au dollar cette année, portant ses pertes depuis le début de l'année à près de 10 %. L'indice de référence Kospi est également l'un des indices boursiers les moins performants en Asie cette année, en baisse de près de 6 % depuis le début de l'année à la clôture de mardi.
La volte-face de M. Yoon semble toutefois avoir ramené le calme. Le won est toujours plus faible, mais il a regagné plus de la moitié des pertes qu'il avait subies plus tôt dans la journée de mardi. Les contrats à terme sur le Kospi négociés sur la bourse Eurex laissent présager une baisse de seulement 0,3 % à l'ouverture de la bourse à Séoul.
Ailleurs en Asie, la roupie indienne est à son plus bas niveau historique, tandis que le yuan chinois est à son plus bas niveau depuis 13 mois et semble prêt à passer sous la barre des 7,30 pour un dollar, les traders spéculant sur le fait que Pékin le laisse glisser alors que les tensions commerciales avec Washington s'intensifient.
La Chine a annoncé mardi l'interdiction des exportations de "biens à double usage" liés aux minéraux clés que sont le gallium, le germanium, l'antimoine et les matériaux super-durs vers les États-Unis. Cette annonce est intervenue 24 heures après que les États-Unis ont lancé une troisième campagne de répression en trois ans contre l'industrie chinoise des semi-conducteurs, en réduisant les exportations de 140 entreprises.
Si la volatilité des principaux actifs en Asie s'intensifie, celle du marché américain est pour l'instant plutôt modérée. L'indice VIX de la peur a atteint mardi son plus bas niveau depuis juillet, et l'indice MOVE de la volatilité implicite des bons du Trésor américain a chuté depuis l'élection présidentielle américaine pour atteindre son plus bas niveau en deux mois.
Le calendrier asiatique de mercredi prévoit la publication du PIB australien, de l'inflation thaïlandaise et d'une série d'indices des directeurs d'achat pour le mois de novembre, y compris l'indice PMI des services de Caixin en Chine.
L'économie australienne devrait avoir progressé à un rythme de 0,4 % au cours de la période juillet-septembre, soit deux fois le taux du trimestre précédent, et à un rythme de 1,1 % en glissement annuel, ce qui représente une légère augmentation par rapport à la croissance annuelle de 1,0 % enregistrée au deuxième trimestre.
Voici les principaux développements qui pourraient orienter les marchés mercredi :
- Réaction à l'instabilité politique en Corée du Sud
- PIB de l'Australie (T3)
- PMI, y compris les services "non officiels" de la Chine (novembre)