La décision de relever le taux d'intervention pour le porter de 0,50% à 0,75% a été prise à l'unanimité des neuf membres du comité de politique monétaire.

Les économistes interrogés par Reuters s'attendaient à ce que les responsables monétaires britanniques relèvent le taux directeur mais à une majorité de sept voix pour et deux contre.

La livre sterling a réduit ses pertes contre le dollar après l'annonce de la décision de la Banque d'Angleterre,touchant même un point haut à 1,3129 dollar avant de repartir à la baisse pour s'échanger à 1,3037, soit un recul de 0,67%, vers 12h00 GMT.

La BoE a expliqué que si l'économie britannique enregistrait une croissance moindre que pendant la période qui a précédé le référendum sur le Brexit, elle était néanmoins proche de sa "vitesse maximale" ou de ses pleines capacités, ce qui renforce les perspectives de montée des pressions inflationnistes.

Le message de la banque centrale demeure toutefois celui de hausses des taux limitées et graduelles alors qu'elle prévoit que l'inflation ne dépassera qu'à peine son objectif de 2% au cours des prochaines années.

La croissance de l'économie britannique a ralenti depuis le vote en faveur du Brexit en juin 2016.

La banque centrale a prévenu que l'économie "pourrait être significativement influencée par la réponse des ménages, des entreprises et des marchés financiers" aux informations sur le Brexit.

Elle a dit que l'inflation devrait se situer à 2,09% à un horizon de deux ans, légèrement au-dessus de son objectif de 2%.

La BoE a dit s'attendre à ce que la croissance du produit intérieur brut s'établisse à 1,4% cette année, une prévision inchangée par rapport aux précédentes projections publiées en mai.

Elle s'attend à une croissance de 1,8% en 2018 contre une prévision de 1,7% précédemment.

La prévision de hausse des salaires pour cette année a été légèrement abaissée par rapport au mois de mai à 2,5% en rythme anuel. Elle accélèrerait légèrement en 2019 à 3,25% comme dans les projections d'il y a trois mois.

De nombreux économistes ont contesté l'analyse de la Banque d'Angleterre sur la montée de pressions inflationnistes au sein de l'économie britannique. Ils estiment qu'en relevant les taux, la banque centrale s'expose à devoir faire machine arrière si Londres est contraint à un Brexit sans accord avec l'Union européenne.

Le gouverneur de la BoE, Mark Carney, a déjà dit que les perspectives de remontée des taux ne seraient plus de mise en cas de Brexit sans accord.

Certains investisseurs ont aussi mis en avant la montée des tensions commerciales pour expliquer la prudence de la BoE.

Dans le communiqué sur sa décision de la politique monétaire, la banque centrale déclare qu'elle constate "des premiers signes suivant lesquels les politiques protectionnistes actuelles et envisagées commencent à avoir un effet négatif" sur le commerce mondial.

La BoE a aussi donné une indication sur la borne haute de la politique de resserrement monétaire qu'elle pourrait être amenée à conduire en actualisant sa prévision à long terme du taux d'intérêt réel d'équilibre ("R"), dans une fourchette de zéro à 1%, soit plus de deux points en-dessous de son niveau antérieur à la grande crise financière de 2008.

Après prise en compte de l'objectif d'inflation de la BoE de 2%, le taux directeur devrait donc se situer entre 2% et 3% au maximum pour garantir la poursuite d'une croissance sans tensions inflationnistes quand l'économie tourne à plein régime.

A court terme, le taux directeur résultant d'un taux d'intérêt réel d'équilibre "R" devrait être un peu plus faible, a dit la BoE sans donner d'estimation plus précise.

(Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par William Schomberg et David Milliken