À la veille de la dernière séance de Wall Street pour 2012, personne n'était capable de savoir si la question du mur budgétaire pourrait être résolue alors qu'un nouvel obstacle se profile, celui du plafond de l'endettement des Etats-Unis.

Sur le devant de la scène depuis plusieurs mois, le dossier du "mur budgétaire" a occulté celui du plafond de l'endettement qui comporte des risques plus importants encore pour l'économie américaine.

Les conséquences du "mur budgétaire" sont connues: hausse des impôts et baisses drastiques de certaines dépenses avec pour effet une probable diminution de la consommation et partant un ralentissement de la croissance.

Pour inquiétantes qu'elles soient, ces conséquences ne constitueraient pas en soi une catastrophe majeure. Un retour de l'économie américaine en récession prendrait un certain temps qui pourrait être mis à profit pour que les responsables politiques parviennent à limiter les effets négatifs du "mur budgétaire".

Le président américain a déclaré dans un entretien accordé à NBC que, faute d'accord, il proposerait au plus tôt un texte permettant d'éviter que la hausse des impôts concerne les classes moyennes.

Le retour de la question du plafond de l'endettement des Etats-Unis, au contraire, pourrait avoir des effets immédiats et dévastateurs.

Aucun investisseur n'a oublié qu'en 2011, c'est précisément à cause de l'incapacité du Congrès et de la Maison blanche à trouver un terrain d'entente sur le relèvement de ce plafond que l'agence Standard & Poor's a privé les Etats-Unis de leur triple A.

UNE BATAILLE ÂPRE EN PERSPECTIVE

Les marchés d'actions américains ont enchaîné les journées de baisse ces derniers temps, le S&P 500 en accusant ainsi cinq d'affilée au cours des dernières séances, mais on ne peut pas parler de décrochage net.

L'absence de chute brutale des indices boursiers américains explique peut-être pourquoi les négociations traînent en longueur. Par le passé, plusieurs krachs boursiers ont ainsi forcé la main du Congrès.

"Si tout cela continue et qu'au final, nous nous retrouvons avec une dégradation de la note souveraine américaine, le risque n'est pas de perdre 2,5%, le risque c'est de perdre 10,5%", prévient Jonathan Golub, d'UBS Research à New York.

Le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a dit la semaine dernière que, techniquement, la limite du plafond de l'endettement américain serait atteint à la fin de l'année 2012.

Cette question devrait une nouvelle fois être l'objet d'une intense bataille entre républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, et démocrates.

Dimanche, sur la chaîne Fox News, le sénateur américain Lindsey Graham a déclaré qu'il lui semblait que le président Obama avait remporté la bataille du mur budgétaire mais qu'il espérait que les républicains se battraient avec ardeur contre un relèvement du plafond de l'endettement américain.

"Je pense qu'il y aura un combat intense entre républicains et démocrates sur le plafond de l'endettement", a dit Jon Najarian, co-fondateur du courtier en ligne TradeMonster.com.

"Je pense qu'il s'agit du principal risque baissier en janvier, pour les marchés et pour l'économie américaine."

Les signes d'une défiance de plus en plus forte des investisseurs se sont multipliés ces derniers temps. L'indice CBOE de la volatilité, ou Vix, thermomètre de l'anxiété sur les marchés, est repassé au dessus des 20% pour la première fois depuis juillet.

Pour janvier, les contrats à terme pour janvier sur le Vix sont en hausse de près de 23% alors qu'ils n'affichent qu'une progression limitée à 13% pour mars.

Nicolas Delame pour le service français