DUBAI, 17 mars (Reuters) - Le principal collaborateur de l'ancien président Mahmoud Ahmadinejad a été inculpé en Iran, où les soupçons de corruption généralisée au sein de la précédente équipe au pouvoir ne cessent de s'étoffer, rapportent lundi les médias iraniens.

Ancien vice-président, Mohammad-Reza Rahimi est au coeur d'une enquête longue et complexe portant sur son implication présumée dans plusieurs affaires de corruption et de détournements de fonds.

"Rahimi a été inculpé et son dossier est sur le point d'être transmis à un tribunal spécial", a déclaré un juge de Téhéran, Mohsen Eftekhari, au journal Shargh.

Ce juge n'a pas précisé les chefs d'inculpation retenus.

Mohammad-Reza Rahimi est soupçonné de posséder une fortune estimée à plusieurs millions d'euros. Il est proche de l'homme d'affaires Babak Zanjani, emprisonné depuis fin décembre.

Ce dernier est le président du groupe Sorinet, présent via des dizaines de sociétés dans des secteurs tels que les cosmétiques, l'agro-alimentaire, le pétrole et l'aéronautique. Il est soupçonné d'avoir prélevé à son profit près de trois milliards de dollars sur des contrats illégaux d'exportation de pétrole lorsque le gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad, au pouvoir jusque mi-2013, tentait de contourner les sanctions internationales liées au programme nucléaire iranien.

"Une corruption économique de cette ampleur est sans précédent", a jugé l'actuel vice-président, Eshagh Jahangiri, cité lundi par la revue officielle Iran Magazine.

Nommé par décret pour conduire les enquêtes sur des délits d'initiés, Eshagh Jahangiri affirme que des milliards de dollars ont été déposés sur des comptes offshore de Babak Zanjani pour rémunérer d'obscurs intervenants dans les contrats pétroliers. "Jusqu'à présent, ces fonds et ces recettes tirées des ventes de pétrole ne sont pas revenus dans les caisses de l'Etat", accuse le vice-président.

Mohammad-Reza Rahimi rejette les soupçons à son encontre. Alors qu'il était encore en fonctions, il avait déclaré l'an dernier qu'il se laisserait couper les mains si des preuves de malversations étaient fournies à son encontre.

Cité lundi par le quotidien Shargh, son avocat dit que Mohammad-Reza Rahimi lui a demandé de garder le silence.

Cité par la presse turque, un parlementaire iranien a pour sa part déclaré qu'une équipe d'enquêteurs se rendrait prochainement en Turquie pour tenter d'y mettre au jour des comptes secrets de Babak Zanjani et de son associé présumé Reza Zarrab. (Avec Humeyra Pamuk à Ankara; Bertrand Boucey pour le service français)