(Actualisé avec réaction US et précisions § 5-8-9-11-12)

DUBAI, 20 juin (Reuters) - Bahreïn a déchu de sa nationalité le chef spirituel de la majorité chiite du petit royaume du Golfe, a rapporté lundi l'agence de presse officielle BNA, provoquant une manifestation de soutien devant sa résidence.

Cette décision à l'encontre de l'ayatollah Issa Qassim intervient moins d'une semaine après la suspension par la justice des activités du principal parti d'opposition, le mouvement chiite Al Wefaq. Ce dernier était accusé de fomenter une révolte religieuse avec l'aide d'un pays étranger, allusion à l'Iran.

Pour le général iranien Qassem Soleimani, commandant de la brigade Al Qods des gardiens de la Révolution, les autorités de Bahreïn ont franchi "une ligne rouge" en décidant cette déchéance de nationalité qui, ajoute-t-il dans un communiqué publié par l'agence de presse Fars, "ne laissera d'autre choix au peuple que de recourir à la résistance armée".

"Les Khalifa (ndlr, la famille régnante sunnite de Bahreïn) en paiera le prix et leur régime assoiffé de sang sera renversé", ajoute la commandant de la force d'élite des pasdaran.

A Washington, le département américain d'Etat s'est dit "alarmé" par cette décision. "Nous n'avons pas connaissance d'élément crédible étayant cette décision", a ajouté John Kirby, le porte-parole du département d'Etat. Bahreïn, allié des Etats-Unis, abrite la Ve Flotte de la marine américaine.

Cité par l'agence BNA, le ministère bahreïni de l'Intérieur a déclaré que l'ayatollah Qassim tentait de diviser la société, encourageait les jeunes à violer la Constitution et favorisait les divisions religieuses dans le pays.

Le Hezbollah libanais, soutenu par l'Iran, a appelé les habitants du royaume à se soulever contre cette décision du gouvernement. Le groupe chiite libanais a déclaré que déchoir l'ayatollah Issa Qassim de sa nationalité "met(tait) le peuple de Bahreïn face à des choix difficiles, qui auront de graves conséquences pour le régime, corrompu et dictatorial".

Dans le village chiite de Diraz, à l'ouest de la capitale Manama, 4.000 personnes environ ont défilé devant la maison de l'ayatollah Qassim, scandant des slogans pro-chiites. Selon des photographies diffusées sur les réseaux sociaux, le dignitaire sorti sur le perron de sa maison pour les saluer.

Plusieurs dizaines de véhicules de la police ont pris positions autour de Diraz, aucun fait de violence n'a été signalé.

En 2011, le Bahreïn a violemment réprimé une révolte de la majorité chiite qui demandait alors des réformes et une plus grande représentation dans ce pays dirigé par une dynastie sunnite.

Le Bahreïn a retiré leur nationalité à plus de 250 opposants ces deux dernières années, afin d'empêcher toute dissidence.

Selon son site officiel, Qassim est né dans les années 1940 sur le territoire qui était alors une dépendance britannique. (Sami Aboudi et Noah Browning avec Tom Perry à Beyrouth, Bozorgmehr Sharafedin à Dubaï et Warren Strobel à Washington; Laura Martin et Henri-Pierre André pour le service français)