DUBAI, 11 octobre (Reuters) - Le slogan "Mort à l'Amérique !" a de nouveau retenti vendredi en Iran, où l'offensive de charme du président Hassan Rohani en direction des Etats-Unis ne fait manifestement pas l'unanimité.

Son élection triomphale en juin lui a donné les coudées franches pour en finir avec l'intransigeance de son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad et pour tenter d'obtenir un allégement des sanctions internationales liées au programme nucléaire de Téhéran. Elle lui a également valu l'appui prudent de l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution.

L'aile la plus conservatrice du pouvoir, s'appuyant sur les réserves exprimées par le guide, s'est toutefois lancée dans une discrète campagne contre l'ouverture diplomatique prônée par Hassan Rohani, qui suscite un débat de plus en plus vif en Iran.

Ali Akbar Hachémi Rafsandjani, ancien président et ardent partisan du nouveau, a estimé récemment qu'il n'y avait aucune raison de souhaiter la disparition d'Etats ou d'individus.

L'éditorialiste d'un journal modéré a lui aussi jugé le moment venu de renoncer à scander "Mort à l'Amérique !", de la même façon que les slogans hostiles à l'Union soviétique et à la Chine ont été abandonnés après la révolution islamique de 1979.

L'ayatollah Ahmad Khatami, éminent partisan de la fermeté, nommé par Ali Khamenei lui-même, n'est pas de cet avis.

"L'Amérique est le grand Satan !", a-t-il lancé lors de la prière du vendredi à l'université de Téhéran, principal lieu de culte de la capitale.

"Ces 35 dernières années, ce mal s'est-il aggravé ou pas ? Si, hier, dans l'arène des complots contre l'Iran, l'Amérique était un serpent, c'est aujourd'hui un serpent venimeux. Tous les complots dont l'Iran fait l'objet trouvent leur origine en Amérique", a-t-il poursuivi, selon l'agence de presse Fars.

"En toute logique, nous disons : 'Mort à l'Amérique !'. Que les Américains (...) sachent que ce slogan est le secret de la résistance de l'Iran et qu'il retentira à travers le pays aussi longtemps que sévira le mal américain", a ajouté l'ayatollah avant que les fidèles ne lancent le slogan à leur tour. (Jon Hemming et Marcus George, Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Gilles Trequesser)