* L'Iran participe pour la première fois aux discussions

* Pas d'avancée décisive à attendre vendredi, dit Berlin

* Eviter tout incident serait déjà un succès (Actualisé avec précisions, contexte, Steinmeier, déclarations iraniennes)

par Matt Spetalnick et Francois Murphy

VIENNE, 29 octobre (Reuters) - Les Etats-Unis ont réaffirmé jeudi leur volonté de voir le président syrien, Bachar al Assad, quitter le pouvoir, avant des discussions à Vienne auxquelles participera pour la première fois l'Iran, l'un des principaux alliés de Damas avec la Russie.

Depuis le début, en 2011, de la guerre civile syrienne, qui a fait plus de 250.000 morts et plus de 10 millions de déplacés, l'Iran, soutien indéfectible de Damas, a été tenu à l'écart des négociations internationales sur le conflit, qui se sont toutes soldées par un échec.

Mais quatre semaines après le début des bombardements russes visant les ennemis d'Assad, les pays qui exigent que ce dernier quitte le pouvoir, parmi lesquels figurent les Etats-Unis, les Etats de l'Union européenne et l'Arabie saoudite, ont accepté d'offrir un siège à l'Iran à la table des discussions.

"Ceux qui ont tenté de résoudre la crise syrienne sont parvenus à la conclusion que, sans la présence de l'Iran, il n'y aura pas moyen de parvenir à une solution raisonnable à la crise", a déclaré jeudi à son arrivée à Vienne le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.

Il s'est ensuite entretenu avec le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, pour évoquer d'autres dossiers, dont l'accord conclu en juillet sur le programme nucléaire de Téhéran.

John Kerry a également rencontré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, et les ministres saoudien et turc des Affaires étrangères.

A Washington, Tom Shannon, conseiller du département d'Etat, a déclaré que Kerry entendait profiter de la conférence pour déterminer si l'Iran et la Russie étaient prêts à accepter un changement de régime à Damas, mais également pour tester leur détermination à combattre l'organisation Etat islamique (EI).

John Kerry, a dit Tom Shannon, veut savoir dans quelle mesure l'Iran et la Russie "sont prêts à travailler ensemble avec la communauté internationale pour convaincre M. Assad que, au cours du processus de transition politique, il devra partir".

L'IRAN ENTEND BIEN CONTINUER À AIDER DAMAS

Moscou et Téhéran se sont jusqu'à présent opposés à tous les appels américains, européens et en provenance du Moyen-Orient à un départ de Bachar al Assad du pouvoir dans le cadre d'un accord de paix.

La campagne aérienne lancée il y a quatre semaines par l'armée russe en Syrie, conjuguée à une offensive terrestre appuyée par l'Iran, semble avoir éloigné un peu plus la perspective d'un départ forcé du président syrien.

Prenant acte de cette nouvelle donne, certains responsables occidentaux ont évoqué récemment l'idée d'accords temporaires dans le cadre desquels Assad pourrait rester temporairement au pouvoir.

Le camp occidental ne s'attend pas à des avancées marquantes au cours des discussions de vendredi mais laisse entendre que celles-ci permettront peut-être de mesurer la flexibilité des positions iraniennes et russes.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a déclaré jeudi à Athènes que la réunion de Vienne serait déjà un succès si les participants parvenaient à se mettre d'accord sur des principes de base, comme le maintien de l'intégrité territoriale de la Syrie ou un processus permettant de former un gouvernement de transition.

"L'avancée décisive n'aura pas lieu demain", a-t-il ajouté.

L'Iran ne montre de fait aucun signe d'évolution de sa position sur l'avenir de Bachar al Assad.

Un haut responsable iranien a déclaré à Reuters qu'il n'existait aucun candidat à la succession d'Assad et a présenté ce dernier comme le seul dirigeant capable d'empêcher l'effondrement de la Syrie. Il a ajouté que la priorité était d'aider Damas à battre l'EI.

"Nous aidons la Syrie dans ce domaine et nous continuerons à le faire tant que le gouvernement en aura besoin", a-t-il ajouté.

Ni la Coalition nationale syrienne (CNS), organe représentatif de l'opposition modérée, opposée à la participation de l'Iran aux discussions, ni les représentants de l'opposition armée n'ont été invités à Vienne.

Le gouvernement syrien n'a quant à lui fait aucun commentaire sur les négociations.

(avec Parisa Hafezi à Vienne, Michelle Nichols à New York, Sam Wilkin à Dubai, Arshad Mohammed à Washington et Sabine Siebold à Athènes; Danielle Rouquié et Marc Angrand pour le service français)