Les inquiétudes liées à une possible implication des États-Unis dans les attaques israéliennes contre l'Iran ont semé le trouble parmi les investisseurs du Dax à l'occasion de la Fête-Dieu. L'indice directeur allemand a perdu jusqu'à 0,9 % jeudi lors d'une séance fériée, tombant à 23 118 points, tandis que l'EuroStoxx50 reculait de 0,7 %. Les prix du pétrole ont de nouveau nettement progressé, portés par les craintes de perturbations de l'approvisionnement. "Les investisseurs sont nerveux et incertains", a déclaré Kyle Rodda de Capital.com. Selon le stratège, une implication américaine "accrôtrait le risque d'un conflit régional majeur - avec des conséquences sur l'approvisionnement énergétique mondial et vraisemblablement aussi sur la croissance économique". La Bourse de Wall Street est restée fermée jeudi en raison du jour férié.
Selon un rapport de l'agence Bloomberg, les États-Unis se préparent à une éventuelle attaque contre l'Iran dans les prochains jours. Depuis vendredi dernier, Israël a commencé à bombarder depuis les airs des installations nucléaires et militaires iraniennes. Depuis, une guerre aérienne sans relâche oppose les deux pays. Une implication américaine pourrait déclencher des attaques directes contre des pétroliers et des infrastructures énergétiques, avertit Helima Croft de RBC Capital. L'Iran produit environ 3,3 millions de barils de pétrole brut par jour, ce qui en fait le troisième producteur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). On craint également que les flux commerciaux via le détroit d'Ormuz ne soient perturbés en cas d'escalade du conflit. Environ 19 millions de barils de pétrole transitent chaque jour par ce passage maritime longeant la côte sud de l'Iran.
LE PRIX DU PÉTROLE EN FLÉCHÉE DEPUIS LES ATTAQUES ISRAÉLIENNES CONTRE L'IRAN
Jeudi, le prix du Brent de la mer du Nord et du WTI américain a grimpé de plus d'un pour cent pour atteindre respectivement 77,66 et 76,29 dollars le baril. Après les déclarations de l'émissaire russe Kirill Dmitriev, selon lesquelles la Russie, les États-Unis et l'Arabie saoudite pourraient agir conjointement pour stabiliser les marchés pétroliers si nécessaire, les prix ont quelque peu reflué. Depuis le début des frappes aériennes israéliennes, le pétrole s'échange plus de 11 % au-dessus de son niveau antérieur.
Sur le marché des devises, les investisseurs se sont tournés vers le dollar américain, qui a retrouvé son statut de valeur refuge face à la montée rapide des tensions géopolitiques et s'est récemment apprécié. L'indice du dollar a progressé de 0,3 % pour atteindre un sommet hebdomadaire de 99,1570 points, tandis que l'euro a reculé de 0,3 % à 1,1449 dollar.
La décision de la Réserve fédérale américaine (Fed), annoncée mercredi soir, n'a pas eu d'impact notable sur les marchés : l'institution dirigée par Jerome Powell prévoit pour 2025 des baisses de taux totalisant un demi-point de pourcentage, confirmant ainsi ses perspectives de mars. Le taux directeur reste fixé dans une fourchette de 4,25 à 4,50 %. Selon Eckhard Schulte de MainSky Asset Management, l'incertitude persistante sur l'inflation, alimentée par la politique douanière du président américain Donald Trump, freine toute action de la Fed. Pour Elmar Völker, analyste à la LBBW, la récente escalade militaire au Proche-Orient risque d'exacerber ce "dilemme croissance-inflation" auquel la Fed est confrontée. Un changement rapide de cap monétaire ne semble donc pas à l'ordre du jour.
LES DÉCISIONS DES BANQUES CENTRALES AU PREMIER PLAN
Outre la Fed, les investisseurs surveillaient jeudi la décision de la Banque nationale suisse (BNS), qui a réagi à la baisse de l'inflation par une sixième réduction consécutive de ses taux. Le taux directeur de la BNS a été abaissé comme prévu de 0,25 point de pourcentage, à 0,00 %. Le franc suisse est resté quasi stable face au dollar, à 0,819 franc. En Norvège, les autorités monétaires ont surpris en assouplissant leur politique, alors que de nombreux experts n'attendaient une baisse des taux que pour le trimestre suivant. L'inflation sous-jacente, hors prix de l'énergie, a reculé plus fortement que prévu, à 2,8 %. La couronne norvégienne a cédé du terrain face au dollar après cette annonce.
Du côté des entreprises, les valeurs de la défense se sont distinguées à la Bourse de Francfort. Rheinmetall a mené la hausse du Dax avec un gain de 1,7 %. À l'inverse, Zalando a poursuivi sa chute récente, abandonnant 3,8 %.
(Reportage de Daniela Pegna, édité par Sabine Ehrhardt. Pour toute question, veuillez contacter notre rédaction à berlin.newsroom@thomsonreuters.com (pour la politique et la conjoncture) ou frankfurt.newsroom@thomsonreuters.com (pour les entreprises et les marchés).