Une décision qui a fait s'étouffer jusque dans ses rangs. Paul Ryan, le Président, Républicain, de la Chambre des représentants, a publiquement regretté cette décision qui cible "les alliés des Etats-Unis", alors qu'il faudrait collaborer avec eux pour traiter les "pratiques commerciales injustes de pays comme la Chine". Emmanuel Macron, qui s'est entretenu avec Donald Trump hier soir, a jugé la décision "illégale". Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a pour sa part utilisé le terme "inacceptables" pour qualifier les taxes.

Mais c'est sans doute Jean-Claude Juncker, le chef de la Commission européenne, qui a le mieux résumé le sentiment général. Lors de la conférence de presse donnée hier en réaction à l'imminence de la décision américaine, il a dû interrompre son intervention pour s'enquérir d'une éventuelle annonce officielle de la Maison Blanche. Mais il a eu du mal à retrouver le fil de ses pensées. "Où en étais-je ? Chaque fois que je pense à Trump, je suis perdu", a concédé Juncker derrière son pupitre. Le Canada, le Mexique et l'UE vont adopter les mesures de rétorsion qui avaient été prévues.

L'autre grande nouvelle du matin, c'est le compromis trouvé entre le M5S, la Liga et la Présidence italienne sur un exécutif, après trois mois de tractations dans le sillage des législatives qui ont consacré les populistes et l'extrême-droite. Le poste de ministre de l'économie sera confié à Giovanni Tria, peu connu mais moins controversé que l'eurosceptique Paolo Savona. C'est finalement bien le juriste universitaire Giuseppe Conte qui présidera le conseil, tandis que les chefs de file de la Liga et du M5S prendront respectivement l'intérieur (Salvini) et le travail et l'industrie (di Maio). Mais les remous en Europe du Sud ne se cantonnent pas à l'Italie. Mariano Rajoy devrait chuter aujourd'hui en Espagne, car ses opposants semblent avoir réuni suffisamment de voix pour soutenir leur motion de censure. Le socialiste Pedro Sanchez devrait lui succéder.

Les temps forts économiques du jour

Les indices PMI manufacturiers finaux de mai sont attendus pour l'Italie (9h45), la France (9h50), l'Allemagne (9h55), la zone euro (10h00, consensus 55,5) et le Royaume-Uni (10h30). Ils seront aussi dévoilés au Canada (15h30) et aux Etats-Unis (15h45, consensus 56,6), où sera aussi annoncé l'ISM manufacturier (16h00, consensus 58,3). Outre-Atlantique, les investisseurs prendront par ailleurs connaissance des données mensuelles sur l'emploi de mai, avec un taux de chômage attendu à 3,9%, une évolution de l'emploi non-agricole de +189.000 et un salaire horaire moyen en hausse de 0,2%. Les dépenses de construction (16h00) sont aussi au programme, ainsi que les immatriculations de mai.

L'euro est en légère baisse ce matin à 1,16812 USD. L'once d'or est quasiment inchangée par rapport à la veille à 1 298 USD. Après son rebond, l'or noir repart en baisse à 77,37 USD pour le Brent et 66,83 USD pour le WTI.

Les principaux changements de recommandations

• HSBC reste à l'achat sur Crédit Agricole, mais réduit de 17,50 à 16 EUR son objectif.
• HSBC reste à conserver sur BNP Paribas, mais réduit de 67 à 64 EUR son objectif.
• HSBC reste à l'achat sur Natixis, mais réduit de 8,20 à 8 EUR son objectif.
• HSBC reste neutre sur Société Générale mais réduit de 47 à 43 EUR son objectif.

L’actualité des sociétés

Un document interne à Airbus qui a fuité montre que les objectifs 2018 de livraisons d'avions civils sont à risque, une sémantique qui n'est pas vraiment nouvelle chez l'avionneur, puisque son ancien patron Fabrice Brégier l'avait utilisée par le passé. Jérôme Faury, qui lui a succédé, a par ailleurs révélé à 'Die Welt' qu'il était prêt à succéder à Tom Enders aux commandes du groupe dans son ensemble. Le marché automobile français a stagné (+0,15%) en mai, selon le Comité des constructeurs français d'automobiles, avec notamment une hausse de 0,7% pour Renault et de 9,9% pour Peugeot en comptant Opel. Le premier EPR français devrait encore prendre du retard. Electricité de France a fait savoir qu'un décalage de quelques mois est possible compte tenu de la poursuite de l'instruction de l'affaire des défauts de soudure. BNP Paribas supprimerait le tiers des effectifs du siège de sa banque de détail à l'international. Accor a finalisé la scission de sa division AccorInvest, pour un produit brut de 4,6 milliards d'euros. Neopost a confirmé ses objectifs malgré des revenus trimestriels toujours sous pression. Derichebourg a racheté deux sociétés alsaciennes dans la propreté. Poulaillon, Signaux Girod, Laurent-Perrier et Infotel ont publié leurs trimestriels.

Apple va commander moins de puces que prévu à Dialog Semiconductor pour ses iPhones, ce qui devrait relancer le débat sur la dynamique actuelle du smartphone vedette. La Deutsche Bank a touché de nouveaux planchers boursiers après que des rumeurs eurent circulé sur l'inclusion de la filiale américaine dans la liste des établissements fragiles de la Fed. La faiblesse de la branche locale de la banque allemande est bien connue, à tel point que des bruits de fermeture circulent régulièrement. Ford fait aujourd'hui un point d'activité. Abercrombie & Fitch publie ses trimestriels.