Paris (awp/afp) - Même si l'incertitude autour de la présidentielle française s'est réduite, la Bourse de Paris et ses voisines européennes sont pressées d'avoir le résultat officiel de ce scrutin qui pèse depuis des mois sur les marchés.

Et nul doute que l'atmosphère de la semaine prochaine sur les places européennes dépendra largement du verdict des urnes françaises.

Les marchés n'ont pourtant que peu de doutes sur le résultat. Ils anticipent en effet massivement la confirmation des sondages qui pointent invariablement depuis 15 jours vers une victoire d'Emmanuel Macron, favori des investisseurs en raison de ses positions sur l'Europe et de ses orientations économiques.

Mais "une grande partie des réactions à court terme dépendra quand même du vote de dimanche et de la marge entre les deux candidats", estime auprès de l'AFP Jean-Louis Mourier, un économiste du courtier Aurel BGC.

"Aujourd'hui, les marchés n'anticipent pas une victoire de Marine Le Pen. Si Emmanuel Macron gagne largement, les investisseurs seront vraiment rassurés, et les places boursières, Paris en tête, pourront continuer à progresser mais sans doute de façon plus limitée qu'au premier tour" où l'incertitude était beaucoup plus importante, développe-t-il.

"Mais si sa victoire est serrée, la volatilité devrait être de mise, avec peut-être même une baisse", complète-t-il.

"Il est certain que le début de semaine sera marqué par le scrutin", relève également auprès de l'AFP Vincent Juvyns, un stratégiste de JPMorgan AM en jugeant aussi que du fait des hausses importantes déjà enregistrées, "il y a peu de matière pour que le marché fasse à nouveau un grand bond".

- Revenir aux fondamentaux économiques -

Au-delà du résultat, les investisseurs attendent aussi de pouvoir enfin revenir à d'autres préoccupations que cette élection qui monopolise l'attention depuis trois mois.

Ce sont principalement les entreprises, aux publications encore nombreuses, qui devraient leur offrir la semaine prochaine de quoi satisfaire leur envie de revenir aux fondamentaux économiques.

A Paris, les résultats au premier trimestre 2017 d'Axa ou Crédit Agricole sont ainsi attendus, Compass et BT à Londres ou encore EON, Commerzbank et ThyssenKrupp à Francfort.

Le marché londonien sera également animé par ce que les analystes surnomment le "super jeudi" de la banque d'Angleterre, qui une fois par trimestre publie simultanément sa décision de politique monétaire, les minutes de sa réunion et son rapport trimestriel sur l'inflation.

Aucun changement de politique monétaire n'est attendu, mais les observateurs scruteront les propos du gouverneur de la BoE, Mark Carney, au moment où le pays entre dans les négociations de sa sortie de l'UE avec Bruxelles.

- Indicateurs européens au vert -

L'agenda macroéconomique n'offrira par contre que peu de matière aux investisseurs contrairement à celui de la semaine écoulée, marqué par de nombreux indicateurs et une réunion de la Réserve fédérale américaine.

La banque centrale a opté, conformément aux attentes, pour un statu quo monétaire, et a rassuré en se montrant confiante sur l'état de l'économie américaine. Une vision confirmée par un rapport mensuel sur l'emploi américain en avril marqué par un bond des créations d'emploi.

En Europe "cela a été une très bonne semaine en terme de données économiques. Objectivement tous les indicateurs sont au vert, à commencer par la croissance au premier trimestre en zone euro et cela a alimenté l'optimisme", observe M. Juvyns.

La politique française a encore occupé une place majeure avec le débat d'entre-deux-tours entre les deux candidats.

"Ce débat a renforcé les anticipations des marchés d'une victoire d'Emmanuel Macron qui est le candidat qu'ils perçoivent comme le plus favorable à l'Europe et l'économie", analyse M. Juvyns.

A la faveur de ces éléments, la Bourse de Francfort a volé de records en records et celle de Paris a conforté ses positions à son plus haut niveau depuis janvier 2008.

Comme le souligne M. Juvyns, "la place Parisienne connaît ainsi une hausse de plus de 10% depuis le début de l'année, ce qui est tout à fait exceptionnel".

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