* Kiev parle de six marins blessés, Moscou de trois

* Cabinet de guerre convoqué dimanche soir à Kiev

* Un cargo bloquait le pont de Kertch

* Au moins deux avions russes Sukhoï ont survolé les lieux

* RIA parle de pilonnages ukrainiens contre des zones séparatistes (Actualisé avec FSB et autres précisions)

par Andrew Osborn et Pavel Polityuk

KIEV/MOSCOU, 25 novembre (Reuters) - Les forces russes ont ouvert le feu et arraisonné dimanche trois bâtiments de guerre ukrainiens qu'ils accusent d'avoir franchi illégalement la frontière russe et de ne pas avoir obtempéré aux ordres de s'arrêter.

L'incident naval s'est produit au niveau du détroit de Kertch, qui sépare la mer d'Azov de la mer Noire, et qu'enjambe depuis mai dernier un long pont russe reliant le territoire russe à la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014.

Le FSB (services de sécurité russes) a déclaré dans la nuit de dimanche à lundi que ses vedettes de surveillance des frontières avaient eu recours à leurs armes pour stopper les navires ukrainiens et pour les arraisonner, rapportent les agences de presse russe.

Selon le FSB, trois marins ukrainiens ont été blessés au cours de ces incidents et leurs vies ne sont pas en danger. L'armée ukrainienne, elle, parle de six marins ukrainiens blessés.

"Des armes ont été utilisées pour stopper de force les navires de guerre ukrainiens", a déclaré le FSB dans un communiqué remis aux médias russes.

"De ce fait, les trois navires de la marine ukrainienne ont été arraisonnés dans les eaux territoriales russes de la mer Noire", lit-on dans ce communiqué.

A Kiev, le président ukrainien, Petro Porochenko, a convoqué dans la soirée un conseil militaire pour évoquer la situation.

L'Ukraine a démenti que ses navires aient commis quoi que ce soit de mal et a accusé la Russie d'agression, demandant par ailleurs à la communauté internationale de se mobiliser pour sanctionner Moscou.

L'incident a commencé dans la journée quand les Russes ont barré la route à trois bâtiments de la marine ukrainienne venant de mer Noire et qui voulaient entrer en mer d'Azov via le détroit de Kertch. Pour ce faire, les Russes avaient, d'après Kiev, placé un énorme cargo sous la partie la plus élevée du pont de Kertch, ouvrage d'une quinzaine de kilomètres de long inauguré par la Russie en mai dernier.

PILONNAGES EN UKRAINE ORIENTALE?

Selon la marine ukrainienne, six marins ukrainiens ont été blessés dans les tirs et lors de la prise des navires, qui semblent avoir été éperonnés.

Toujours selon Kiev, l'incident s'est produit alors que les bâtiments ukrainiens battaient en retraite et reprenaient la direction d'Odessa, grand port ukrainien de la mer Noire d'où ils étaient partis.

"Après avoir quitté la zone de 12 milles, le FSB a ouvert le feu sur la flottille appartenant aux forces armées ukrainiennes", a affirmé la marine de Kiev. Au moins deux avions russes Soukhoï-25 ont survolé le pont au moment de l'incident, a constaté un journaliste de Reuters. La télévision nationale russe a parlé aussi d'hélicoptères de combat déployés sur les lieux.

L'Union européenne a dit attendre de la Russie qu'elle rétablisse la liberté de navigation dans le détroit de Kertch et a appelé Moscou et Kiev à la plus grande retenue pour permettre une désescalade. L'Otan a lancé un appel analogue aux deux parties.

Un traité bilatéral accorde à la Russie comme à l'Ukraine le droit de navigation en mer d'Azov. Depuis que Moscou a annexé la Crimée, qui était ukrainienne, la tension a monté, les deux pays se plaignant de harcèlements de navires et de retards imposés à la navigation.

L'Ukraine dispose d'une partie du littoral de la mer d'Azov et la ville portuaire ukrainienne de Marioupol se trouve au bord de cette mer.

Autre signe d'une aggravation de la tension, l'agence de presse russe RIA, contrôlée par l'Etat russe, a affirmé dimanche soir que les forces ukrainiennes avaient déclenché de violents pilonnages contre des zones d'habitation de l'est de l'Ukraine contrôlées par les séparatistes prorusses. Des séparatistes, cités par l'agence de presse russe Interfax, ont cependant démenti qu'il y ait eu une escalade particulière le long du front d'Ukraine orientale. (Pavel Polityuk; Eric Faye pour le service français)