Les membres du Comité de recherche et d'information indépendantes sur le Génie génétique (CRIIGEN) ont réalisé, pendant deux ans, une étude sur l'impact de la consommation de maïs NK603 génétiquement modifié et/ou du pesticide Roundup. Cette étude visait à répondre au « caractère scandaleux et irresponsable de ceux qui nous font consommer des OGM » d'après les termes de l'euro-députée Corinne Lepage, fondatrice du CRIIGEN.

Gilles Eric Seralini, le chercheur qui a dirigé l'étude, avait déjà mené en 2011 un enquête révélant « l'insuffisance scientifique majeure dans l'évaluation par les agences et les industriels des risques sur la santé de 19 OGM agricoles ». Pour Corinne Lepage, cette insuffisance scientifique est due à une « organisation de l'absence de connaissance » car si les risques restent inconnus les producteurs d'OGM ne risquent rien.

Effectivement, les compagnies productrices d'OGM, qui réalisent des études sur leurs produits n'ont aucune obligation. Ainsi ces enquêtes ne dépassent jamais trois mois et leurs résultats sont confidentiels. Par exemple le soja OGM importé légalement en Europe a subi des tests durant un mois avant d'être approuvé.

Cette nouvelle étude est, selon les propos des chercheurs qui l'ont mené, « la plus longue et la plus détaillée jamais réalisée ». Ce type de maïs n'avait jamais été étudié plus de trois mois et l'impact du pesticide Roundup n'avait pas été analysé en formulation, c'est à dire sous sa forme commercialisable (actuellement, les résidus de Roundup se retrouvent sur 80% des OGM alimentaires).

Les tests ont été effectués sur 200 rats séparés en plusieurs groupes et les résultats ont dépassé les estimations des scientifiques. Le premier mâle décédé est mort un an avant le premier du groupe témoin et chez les femelles, le premier décès est survenu huit mois avant le témoin. Des  tumeurs sont apparues au quatrième mois, 600 jours avant les témoins pour les mâles (plus touchés au rein ou au foie) et 94 jours avant pour les femelles (surtout mammaires).

Le CRIIGEN compte publier d'autres résultats très prochainement et espère pouvoir continuer l'analyse en considérant chaque organe des rats. Il recommande une révision des autorisations déjà accordées en Europe mais aussi dans le monde, une prolongation des tests sur deux ans pour les OGM et les pesticides en formulation. Pour finir, les chercheurs demandent à ce que tous les tests soient rendus publics et indépendants des compagnies. 

Au lendemain de la sortie de l'étude, les premières critiques de la communauté scientifique sont apparues. D'autres chercheurs ont estimé que le nombre de rats (200 divisés en groupe de dix) et l'espèce utilisée propice au développement de tumeurs ne permettaient pas de conclure formellement à un impact négatif de ce maïs OGM. Les résultats de l'étude seront donc réexaminés par d'autres organismes de sécurité alimentaire.