(Actualisé avec précisions, production photo/TV à disposition)

par Steve Holland et Andrew Osborn

WASHINGTON/MOSCOU, 3 août (Reuters) - Les Etats-Unis se sont officiellement retirés vendredi du traité sur les armes nucléaires à portée intermédiaire (FNI), accusant la Russie de ne pas respecter les termes de l'accord signé en 1987, ont annoncé des responsables de l'administration américaine devant la presse.

Cet accord conclu entre le président américain Ronald Reagan et le secrétaire général du Parti communiste soviétique Mikhaïl Gorbatchev en 1987 interdit le stationnement en Europe de missiles terrestres à courte et à moyenne portée.

Cela concerne les armes stratégiques d'une portée de 500 à 5.500 km.

L'administration américaine a annoncé en octobre 2018 son intention de se retirer de ce traité si la Russie ne prenait pas d'initiative pour, selon elle, en respecter les termes. Cette intention a été confirmée le 1er février dernier, lançant un processus de retrait de six mois.

S'exprimant vendredi devant les journalistes à Washington, le président américain Donald Trump a déclaré qu'il aimerait conclure un nouvel accord qui concernerait l'ensemble des armes nucléaires et inclurait la Chine en plus de la Russie.

"Cela serait une bonne chose pour le monde. Je pense qu'on pourra y arriver", a dit Trump.

Plus tôt dans la journée, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a déclaré que "les Etats-Unis ne resteront pas partie prenante à un traité qui est volontairement enfreint par la Russie".

"Le non-respect du traité par la Russie menace les intérêts suprêmes américains dans la mesure où le développement et le déploiement par la Russie de systèmes balistiques non conformes au traité représentent une menace directe pour les Etats-Unis et pour nos alliés et nos partenaires", a dit Pompeo.

La Russie a demandé vendredi aux Etats-Unis de déclarer et de mettre en oeuvre un moratoire sur le redéploiement de ce type d'armes stratégiques en Europe.

"Nous avons proposé aux Etats-Unis et aux autres pays de l'Otan qu'ils évaluent la possibilité de déclarer le même type de moratoire sur le déploiement de missiles à courte et moyenne portée que celui annoncé par Vladimir Poutine", a déclaré Sergueï Riabkov, vice-ministre russe des Affaires étrangères, cité par l'agence Tass.

L'OTAN VEUT APPORTER UNE RÉPONSE MESURÉE

Des responsables américains, s'exprimant sous le sceau de l'anonymat, ont expliqué que Moscou avait déployé "de multiples bataillons" de nouveaux missiles de croisière en Russie en violation des termes du traité.

Ces missiles connus sous le nom de Novator 9M729, ou de SSC-8 suivant la nomenclature de l'Otan, se trouvent pour certains dans l'ouest de la Russie et ont la capacité de "frapper des cibles européennes essentielles", selon les Américains.

La Russie dément ces accusations, affirmant que la portée de ces missiles les place de fait hors du périmètre prévu par le traité.

Pour Moscou, l'administration Trump cherche un prétexte pour se retirer de cet accord afin d'avoir la possibilité de développer de nouveaux missiles. La Russie a rejeté la demande américaine de démantèlement de ces missiles.

Pour l'Otan, la proposition de moratoire présentée par la Russie n'est pas "crédible". "La Russie porte seule la responsabilité de l'abandon de ce traité", ont estimé les Alliés.

"L'Otan répondra de manière mesurée et responsable aux risques importants posés par le missile russe 9M729. Nous nous sommes mis d'accord sur un ensemble de mesures équilibrées, coordonnées et défensives", ajoute l'Otan.

Dans une conférence de presse son secrétaire général, Jens Stoltenberg, a précisé qu'il n'y aurait pas "d'initiatives téméraires" et que l'Alliance ne "reproduirait pas ce que fait la Russie".

"Nous ne voulons pas d'une nouvelle course aux armements", a-t-il ajouté. (avec Robin Emmott à Bruxelles, Roberta Rampton, Idrees Ali et Phil Stewart à Washington; Pierre Sérisier pour le service français, édité par Jean Terzian)