L'Union européenne et le Royaume-Uni ont annoncé mardi de nouvelles sanctions contre la Russie, sans attendre que les États-Unis s'y associent, au lendemain d'un entretien entre le président Donald Trump et Vladimir Poutine qui n'a pas permis d'obtenir un engagement de cessez-le-feu en Ukraine.

Londres et Bruxelles ont précisé que ces nouvelles mesures cibleraient la "flotte fantôme" de pétroliers russes ainsi que des sociétés financières ayant aidé Moscou à contourner l'impact d'autres sanctions imposées depuis le début de la guerre.

Cependant, ces mesures ont été décidées sans actions correspondantes de la part de Washington, malgré l'insistance publique des dirigeants européens pour que l'administration Trump se joigne à eux.

Les dirigeants britannique, français, allemand et polonais s'étaient rendus ensemble à Kyiv plus tôt ce mois-ci, annonçant qu'ils avaient préparé de nouvelles sanctions contre la Russie. La veille de l'appel entre Trump et Poutine, les dirigeants européens avaient contacté le président américain pour l'inciter à adopter des mesures plus fermes.

La Russie et l'Ukraine ont mené vendredi dernier leurs premiers pourparlers directs depuis plus de trois ans, sans parvenir à s'accorder sur un cessez-le-feu.

L'Ukraine affirme être prête à un cessez-le-feu immédiat, tel que proposé par Trump, tandis que la Russie souhaite préalablement engager des discussions. Les Européens y voient la preuve que Poutine, qui a déclenché la guerre en envahissant son voisin en 2022, n'est pas prêt à y mettre fin.

« Poutine joue manifestement la montre, malheureusement nous devons constater qu'il n'est pas vraiment intéressé par la paix », a déclaré le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius.

'POUSSER POUTINE À METTRE FIN À SA FANTAISIE'

Après l'annonce de ces mesures mardi, Bruxelles et Londres ont laissé entendre que d'autres sanctions pourraient suivre, tout en espérant toujours convaincre Washington d'agir.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a appelé à des « sanctions véritablement dissuasives ».

« Faisons pression sur Vladimir Poutine pour qu'il mette fin à sa fantaisie impérialiste », a-t-il déclaré.

Le chef de la diplomatie britannique, David Lammy, a affirmé que « retarder les efforts de paix ne ferait que renforcer notre détermination à aider l'Ukraine à se défendre et à utiliser nos sanctions pour restreindre la machine de guerre de Poutine ».

La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a indiqué que d'autres sanctions étaient « en préparation ».

« Plus la Russie poursuit la guerre, plus notre réponse sera ferme », a-t-elle écrit sur X.

Les dernières sanctions visent principalement à renforcer la lutte contre la flotte de navires que la Russie utilise pour exporter son pétrole, contournant ainsi le plafonnement du prix à 60 dollars le baril imposé par le G7 pour limiter les revenus de Moscou.

Le Royaume-Uni et l'UE ont également annoncé vouloir abaisser ce plafond, qui représente une réduction bien moindre du prix du pétrole russe depuis la baisse des cours mondiaux cette année.

Mais Kaja Kallas a souligné que l'action des États-Unis restait essentielle.

« Nous sommes tous tombés d'accord pour dire que si la Russie n'accepte pas un cessez-le-feu inconditionnel, comme l'Ukraine l'a fait il y a plus de 60 jours, il y aura des mesures fortes », a-t-elle déclaré. « C'est ce que nous attendons de l'ensemble des parties qui se sont engagées à agir en conséquence. »

Lundi, Trump a affirmé que la Russie et l'Ukraine étaient prêtes à entamer des négociations. Poutine a de son côté prévenu que le processus prendrait du temps.