MONTREUX, Suisse, 22 janvier (Reuters) - Principales déclarations mercredi à la conférence internationale sur la Syrie organisée sous l'égide des Nations unies et parrainée par les Etats-Unis et la Russie.

BAN KI-MOON, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'ONU

"Après près de trois années douloureuses de conflit et de souffrances en Syrie, aujourd'hui est une journée d'espoir fragile mais réel. Pour la première fois, le gouvernement syrien et l'opposition syrienne, des pays de la région et la communauté internationale se réunissent pour rechercher une solution politique à la mort, à la destruction et aux déplacements (de population-NDLR) (...)

"Il doit être mis un terme à la violence. Les attaques contre les civils doivent cesser. Toutes les parties doivent agir pour mettre un terme à toutes les actions terroristes.

"J'appelle en urgence le gouvernement et l'opposition à autoriser un accès humanitaire immédiat et total vers toutes les communautés dans le besoin, en particulier dans les zones assiégées où des centaines de milliers de personnes sont privées de toute assistance depuis des mois (...)."

Puis, à l'issue de la conférence :

"J'espère que des négociations véritables débuteront dans la sincérité et à plein régime pour saisir ces objectifs.

"Puissent les deux délégations syriennes être guidées par la sagesse, un sens profond de l'urgence, un esprit de compromis et la volonté à la fois de préserver leur pays et la structure unique de leur société et de mettre fin aux souffrances de son peuple."

WALID AL MOUALEM, MINISTRE SYRIEN DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

"La Syrie, en tant que pays indépendant, fera tout ce qui est nécessaire pour se défendre par les moyens qu'elle jugera appropriées.

"Si la situation humanitaire en Syrie vous inquiète vraiment, retirez vos mains de cette situation, cessez de déverser des armes sur la Syrie et levez les sanctions et le siège imposés au peuple syrien.

"Nous sommes ici en tant que représentants du peuple et de l'Etat syriens et tout le monde devrait savoir que personne d'autre que les Syriens eux-mêmes n'a le droit dans ce monde-ci de retirer sa légitimité à un président ou à un gouvernement.

"Nous sommes ici pour prendre la décision fatidique de combattre le terrorisme et l'extrémisme et de lancer un processus politique (...) Mais certains parmi vous continuent de soutenir le terrorisme en Syrie.

"Au final, le terrorisme se répandra et brûlera tout.

"(Certains pays) ont exporté en Syrie des monstres à forme humaine abreuvés de l'odieuse idéologie wahhabite.

"En Syrie, les utérus des femmes enceintes sont ouverts, les foetus tués, des femmes sont violées, qu'elles soient vivantes ou déjà mortes : c'est un comportement méprisable qui n'appartient qu'à ceux qui répandent ce genre de pensée.

"En Syrie, les hommes sont massacrés sous les yeux de leurs enfants au nom de la révolution.

"En Syrie, quelqu'un a osé dévorer le coeur d'un Syrien pour parvenir à l'ambition, ainsi qu'il l'a dit, de mener une 'existence libre, heureuse et prospère'."

AHMED DJARBA, PRÉSIDENT DE LA COALITION NATIONALE SYRIENNE

"Nous voulons nous assurer que nous avons un partenaire dans cette pièce qui d'une délégation de Bachar al Assad se transforme en délégation libre de sorte que la totalité du pouvoir exécutif soit remis par Bachar al Assad. Ma question est claire. Avons-nous un tel partenaire ?"

"Le temps est comme un épée, mais pour les Syriens, le temps, c'est aujourd'hui du sang.

"Nous considérons Genève comme un prélude au retrait d'Assad et à son procès au côté des membres de son cercle.

"Tout propos sur un maintien d'Assad au pouvoir sous quelque forme que ce soit est un écart par rapport à l'accord de Genève."

JOHN KERRY, SECRÉTAIRE D'ÉTAT AMÉRICAIN

"Nous ne voyons qu'une option : négocier un gouvernement de transition issu d'un consentement mutuel. Cela signifie que Bachar al Assad ne fera pas partie de ce gouvernement de transition. Il n'est absolument pas possible qu'un homme qui a mené une réponse brutale contre son peuple puisse retrouver une légitimité pour gouverner.

"Un homme et ceux qui le soutiennent ne peuvent plus tenir en otage une nation entière et une région.

"Le droit de diriger un pays n'émane pas de la torture, des barrils de bombes, des missiles Scud ; il émane du consentement du peuple.

SERGUEÏ LAVROV, MINISTRE RUSSE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

"Notre tâche principale est de mettre un terme au conflit tragique en Syrie, qui entraîne des problèmes et des souffrances innombrables pour la nation syrienne et détruit cette terre ancestrale.

"Nous ne pouvons laisser les vagues de ces bouleversements atteindre les pays voisins.

"Nous attendons de tous les acteurs extérieurs qu'ils encouragent les Syriens à parvenir à un accord, qu'ils s'abstiennent - et empêchent les parties - de toute tentative de préjuger de ce que seront les accords définitifs et de toute autre initiatve susceptible de nuire au processus dans son ensemble.

"La menace de voir la Syrie se transformer en un foyer du terrorisme international est devenue le problème le plus sérieux."

LAURENT FABIUS, MINISTRE FRANÇAIS DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

"L'objet de cette conférence de Genève (...) est de construire par consentement mutuel un gouvernment de transition doté de tous les pouvoirs exécutifs.

"Tous les intervenants se sont inscrits dans cette perspective à l'exception du représentant de Bachar al Assad qui s'est livré, lui, à des élucubrations longues at agressives contrastant avec la position responsable et démocratique du président de la Coalition.

"L'espoir existe mais il est fragile. Nous devons continuer car la solution à l'épouvantable conflit syrien est politique et elle exige la poursuite des discussions.

(...)

"Personne ne pouvait s'attendre que cela soit un lit de roses. Nous devons malgré tout et malgré les pièges qui sont tendus, nous qui sommes pour la paix et la solution politique, continuer à plaider dans ce sens.

AHMET DAVUTOLU, MINISTRE TURC DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

"Nous savons tous qui sont les 'terroristes' en Syrie. Je me demande comment les représentants de ce régime pensent pouvoir tromper la communauté internationale tout entière avec leurs mensonges.

"Des millions de civils en Syrie sont privés de leurs besoins de première nécessité, comme la nourriture ou l'accès à des médicaments. Des dizaines de milliers d'entre eux en sont réduits à choisir entre se rendre et attendre la mort.

"La faim est utilisée comme une arme de guerre (...)

"Le communiqué de Genève, que cette conférence vise à appliquer, porte sur un changement politique (...) C'est l'établissement, par consentement mutuel, d'une instance transitoire de gouvernement avec les pleins pouvoirs (...) Toute tentative visant à diluer ou à dévier de cet objectif définitif doit être catégoriquement rejeté."

MONZER AKBIK, PORTE-PAROLE DE LA CNS

"Le problème, c'est Assad. Nous disons 'démocratie', ils répondent 'Assad'. Nous disons 'dignité', ils disent 'Assad'. Nous parlons d'une nation, ils parlent d'un homme. Assad est donc le problème et Assad doit partir afin de lancer la transition vers la démocratie." (Dominic Evans et Stephanie Nebehay, Henri-Pierre André pour le service français)