Les négociations menées ces dernières semaines avec les banques ont échoué, a expliqué dans un communiqué le principal raffineur indépendant en Europe, qui avait déjà mis à l'arrêt trois de ses raffineries en Suisse, en Belgique et en France, à Petit-Couronne (Seine-Maritime).

Il a lancé la semaine dernière un processus de vente de son site français, qui emploie 550 personnes, et a fait savoir qu'il examinait des "alternatives stratégiques" pour ses raffineries d'Anvers, en Belgique, et de Cressier, en Suisse.

"L'objectif principal du conseil d'administration est d'assurer que les activités soient proprement bouclées et de préserver la valeur pour toutes les parties", a ajouté Petroplus.

"Nous avons travaillé d'arrache-pied pour éviter cette issue mais nous ne sommes finalement pas parvenus à un accord, compte tenu d'un marché du crédit et du raffinage difficile en Europe", a déclaré le PDG, Jean-Paul Vettier, cité dans le communiqué.

Le conseil d'administration prépare désormais une procédure d'insolvabilité en Suisse. Des démarches similaires sont entreprises par les entités du groupe dans leurs juridictions respectives, a indiqué Petroplus.

Le raffineur luttait pour sa survie depuis l'annonce fin décembre du gel d'une ligne de crédit d'un montant d'environ un milliard de dollars.

En Bourse, le titre Petroplus a perdu près de 84% de sa valeur mardi pour finir la journée à 0,24 franc suisse.

LES LIVRAISONS DE CORYTON SUSPENDUES

En France, le ministre de l'Industrie devait recevoir dans l'après-midi les représentants des salariés du groupe.

"Le timing est de plus en plus serré", a déclaré avant cette rencontre Yvon Scornet, délégué CGT de la raffinerie de Petit-Couronne, précisant que le site était lui-même en redressement judiciaire.

"On est en redressement donc on est couverts par la justice mais on doit prouver qu'on peut assurer les salaires et le fonctionnement", a-t-il expliqué.

"Au grand maximum il faut que dans 4 mois on ai retrouve un repreneur", a ajouté le représentant syndical, évoquant des "pistes" mais refusant de citer le moindre nom.

Le cabinet d'audit et de conseil PricewaterhouseCooper a été nommé administrateur pour la branche de Petroplus au Royaume-Uni et va amorcer les discussions avec les créanciers, les employés, les clients et le gouvernement britannique afin d'assurer l'avenir de la raffinerie de Coryton et de l'unité de stockage de Teeside.

Dans un courriel consulté par Reuters, Petroplus a indiqué à ses clients que les livraisons provenant de cette raffinerie avaient été suspendues.

D'après l'association britannique de l'industrie pétrolière, le site de Coryton contribue à 10% des produits pétroliers au Royaume-Uni.

Parmi ses clients figure notamment le géant pétrolier BP. "Il n'y a pas de problème d'approvisionnement dans l'immédiat dans notre réseau de détail", a cependant déclaré une porte-parole du groupe.

La raffinerie d'Ingolstadt, en Allemagne, continue de son côté à opérer à environ la moitié de ses capacités et d'approvisionner le marché, selon une source.

Cette raffinerie, qui fournit majoritairement l'Allemagne et l'Autriche en produits tels qu'essence, diesel et kérosène, peut traiter environ 110.000 barils de pétrole brut par jour, d'après des données fournies sur son site internet.

La branche du raffinage est plombée par les surcapacités et l'effritement des marges. La chute de Petroplus pourrait donc contribuer à resserrer les conditions de marché, certains concurrents se tenant près à prendre le relais, à l'instar d'Essar Energy, groupe indien coté à Londres.

"La raffinerie d'Essar à Stanlow opère normalement et s'il y a une opportunité de combler le vide sur le marché causé par Coryton, nous chercherons évidemment à le faire," a indiqué un porte-parole de la société.

Avec Sarah Young à Londres et Muriel Boselli à Paris, édité par Marc Angrand

par Martin de Sa'Pinto et Nathalie Olof-Ors