Zurich (awp) - Les experts de l'institut BAK Economics se montrent plus pessimistes que ceux consultés pour le consensus KOF quant à l'évolution du produit intérieur brut (PIB) suisse. Des freins à la création de richesse persistent, notamment sur les marchés étrangers.
Les économistes interrogés par l'Institut de recherches conjoncturelles (KOF) de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) s'en tiennent lundi à leurs calculs de juin pour les projections en termes de croissance du PIB, toujours attendu à 1,2% (ajusté des événements sportifs) pour l'année en cours et à 1,6% (hors événements sportifs) pour 2025. Sur cinq ans, l'horizon s'est légèrement éclairci, les spécialistes tablant sur un taux de croissance, ajusté des événements sportifs, de 1,7%, contre 1,6% en juin.
En revanche, les experts de l'institut bâlois BAK Economics ont raboté de 0,2 point de pourcentage à 1,0% leur estimation de croissance du PIB (ajusté des événements sportifs) pour l'année en cours. Ils justifient cette réduction par une croissance moindre qu'attendu au deuxième trimestre (+0,5% comparé à +0,6%). Pour 2025, ils tablent sur une progression de 1,5%, après 1,6%.
"Bien que nous nous attendions à ce que l'activité industrielle prenne de l'élan au cours des prochains trimestre, le soutien à la croissance provenant des améliorations cycliques de la demande intérieure et extérieure ne sera pas extraordinaire", ont souligné les experts dans un document publié lundi également.
De nombreux partenaires, tant européens que chinois, font face à des difficultés structurelles. De plus, les effets de l'assouplissement en termes de politique monétaire mettent du temps à être ressentis par le reste de l'économie. La récente appréciation du franc fait peser des risques supplémentaires sur le rythme de la reprise dans l'industrie manufacturière, ont-ils ajouté.
Inflation limitée
Le consensus KOF a abaissé ses attentes en matière d'inflation à 1,2% cette année puis à 1% pour 2025, contre respectivement 1,4% et 1,3% précédemment. Ces prévisions rentrent dans la fourchette cible de la Banque nationale suisse (BNS), qui, elle, table sur "environ 1%" pour 2024 et "environ 1,5%" pour 2025.
L'inflation devrait se limiter à 0,7% en 2025, d'après BAK Economics. Les fortes augmentations de prix dans des catégories de consommation essentielles comme les loyers et l'électricité devraient s'estomper. "Etant donné que les pressions inflationnistes sont faibles et que la pression à la hausse sur le franc est élevée, nous prévoyons désormais une nouvelle baisse des taux de 0,25 point de base à 0,75% en décembre" par la BNS. La semaine dernière, la gardienne du franc a abaissé son taux directeur de 25 points de base à 1,00%.
D'autres baisses du taux directeur peuvent toutefois se révéler nécessaires ces prochains trimestres pour assurer la stabilité des prix à moyen terme, avait alors écrit l'institut d'émission.
Quant à l'emploi, le consensus KOF estime que la situation sur le marché du travail en Suisse devrait se dégrader. Les experts tablent sur un taux de chômage à 2,4% cette année, puis à 2,6% en 2025, après respectivement 2,3% et 2,4%, soit une hausse de jusqu'à 0,2 point de pourcentage. A cinq ans, l'estimation est maintenue à 2,5%. A titre de comparaison, le Seco anticipe un taux de chômage également de 2,4% en 2024, puis de 2,6% l'année prochaine.
Concernant le franc, les experts de l'institut BAK Economics s'attendent à "une évolution latérale" de la devise helvétique "par rapport à l'euro et au dollar". En moyenne, la prévision atteint 0,95 EUR/CHF dans trois mois et 0,94 EUR/CHF dans douze mois. Face au billet vert, le taux de change est escompté à 0,86 USD/CHF pour les deux périodes.
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