(Actualisé tout du long)

par Suleiman Al-Khalidi, John Davison et Stephanie Nebehay

BEYROUTH, 28 janvier (Reuters) - L'opposition syrienne soutenue par l'Arabie saoudite a annoncé qu'elle ne participerait pas aux pourparlers de paix qui doivent débuter vendredi à Genève, faisant dérailler la première tentative de conciliation organisée depuis deux ans pour mettre fin à la guerre en Syrie.

Le Haut Conseil pour les négociations réuni à Ryad a indiqué que sa délégation ne serait "certainement" pas présente en Suisse, faute d'avoir reçu des réponses satisfaisantes à ses demandes d'arrêt des frappes aériennes et de lever des sièges de villes rebelles encerclées par les forces pro-Bachar al Assad.

Avec le soutien de la Russie et de l'Iran, le gouvernement syrien est repassé à l'offensive et a enregistré plusieurs succès sur le terrain. Le régime Assad, décidé à négocier en position de force, s'est dit prêt à participer aux discussions indirectes proposées par Staffan de Mistura, l'émissaire de l'Onu.

Un autre responsable de l'opposition a indiqué qu'une délégation pourrait se rendre à Genève si ses demandes sont entendues "dans les deux, trois ou quatre prochains jours", une hypothèse qui paraît très mince.

Ce refus du HCN constitue un revers pour Staffan de Mistura dont les services ont diffusé dans la journée un message vidéo de l'émissaire onusien annonçant que les pourparlers débuteraient "dans les prochains jours".

Un porte-parole de Staffan de Mistura avait même affirmé avant l'annonce du HCN que les discussions commenceraient dès vendredi.

"Il est certain que nous ne nous rendrons pas à Genève et qu'il n'y aura pas de délégation du Haut Comité pour les négociations demain à Genève", a déclaré Georges Sabra, membre du HCN.

Le HCN réclame des garanties de l'Onu imposant un arrêt des bombardements, une levée des sièges et la libération de prisonniers comme conditions préalables au dialogue. Ces mesures sont contenues dans la résolution approuvée par le Conseil de sécurité des Nations unies le mois dernier.

L'absence de l'opposition syrienne à ces premiers contacts rend le processus "sans valeur", a commenté Monzer Makhous, membre du HCN, sur la chaîne de télévision Arabyia al Hadath.

"OPPORTUNITÉ HISTORIQUE"

Les discussions devaient démarrer lundi à Genève mais elles avaient été retardées par l'Onu qui voulait se donner du temps pour résoudre les différends entre les deux camps invités à négocier.

L'exclusion des Kurdes du Parti de l'unité démocratique (PYD), dont les miliciens contrôlent une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, avait déjà incité certains participants à se retirer.

La Turquie refuse la présence des représentants du PYD à la table des négociations car, estime-t-elle, ils sont liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qu'Ankara considère comme terroriste.

Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, plaide pour un début du processus dès vendredi, expliquant aux membres de l'opposition qu'il s'agit d'une "opportunité historique".

"Nous ne sommes absolument pas certains que cette opportunité soit historique", a répliqué Georges Sabra, s'exprimant également sur la chaîne Al Hadath.

(Tom Perry; Danielle Rouquié pour le service français)