par Thomas Grove et Dasha Afanasieva

MOSCOU/ISTANBUL, 18 janvier (Reuters) - Le gouvernement syrien, qui doit entamer le dialogue avec l'opposition mercredi en Suisse, a remis à la Russie, co-organisatrice de la conférence dite de Genève II, une offre de cessez-le-feu à Alep et d'échange de prisonniers.

Une partie de cette opposition disparate, dont la participation à la conférence n'est pas acquise malgré les assurances répétées de Washington, l'a d'ores et déjà rejetée.

En visite à Moscou, le ministre syrien des Affaires étrangères Walid al Moualem a dit avoir remis cette offre de trêve et d'échange à ses interlocuteurs russes.

La Russie, qui protège Bachar al Assad, et les Etats-Unis, qui réclament son départ, invitent les deux camps à faire des concessions de cette nature pour restaurer un minimum de confiance avant le rendez-vous de mercredi, mais les positions semblent toujours aussi diverses et inconciliables.

Sur le terrain, rien ne semble devoir interrompre les combats, qui n'opposent plus seulement les rebelles à l'armée, forte de nouvelles armes en provenance de Russie (voir ), mais aussi les insurgés entre eux ( ).

Un cessez-le-feu à Alep, où les rebelles résistent depuis un an aux forces gouvernementales, serait bénéfique pour les premiers, "mais nous ne pensons pas que le régime ait sérieusement l'intention de s'y tenir", a commenté Djamal al Ward, chef de l'aile militaire de la Coalition national syrienne (CNS), organe le plus représentatif de l'opposition.

PAS DE TRANSITION POSSIBLE AVEC ASSAD, DIT KERRY

Les 120 membres de la CNS se sont réunis vendredi à Istanbul pour se prononcer sur leur participation à Genève II, mais on ignore quand ils prendront leur décision. Leurs délibérations doivent se poursuivre samedi.

"Le résultat (des discussions) est très équilibré, mais je m'attends à un vote en faveur du 'oui'", a déclaré un diplomate occidental, ajoutant que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et d'autres puissances occidentales avaient fait savoir qu'un "non" ne serait pas sans conséquences.

"Nous n'avons pas brandi de menaces, mais nous avons fait savoir clairement que la décision au sujet de Genève était importante et qu'il serait difficile de mettre les stratégies militaires et politiques en oeuvre s'ils n'y vont pas", a-t-il ajouté.

Certains membres de la Coalition se sont déjà prononcés contre une participation à la conférence, craignant qu'elle n'affecte leur crédibilité aux yeux de combattants convaincus de l'inutilité des négociations.

Les Etats-Unis ont lancé vendredi un nouvel appel à l'opposition pour la convaincre d'aller en Suisse et d'entamer avec Damas un dialogue qui, selon Washington, doit nécessairement aboutir au départ du président syrien.

"Je pense qu'au fil (des discussions) de Genève et de notre implication dans ce processus, il deviendra clair qu'il n'y aura pas de solution politique si Assad ne parle pas de transition et s'il pense pouvoir jouer un rôle à l'avenir", a déclaré le secrétaire d'Etat John Kerry.

"Nous ne sommes en outre pas à cours d'options pour accroître la pression et changer davantage la donne", a-t-il ajouté. (Avec Alexander Dziadosz, Dominic Evans et Erika Solomon à Beyrouth, Lesley Wroughton à Washington, Tom Miles et Stephanie Nebehay à Genève et Jonathan Saul à Londres; Jean-Philippe Lefief pour le service français)