PARIS, 6 février (Reuters) - Les difficultés rencontrées actuellement par certains produits indexés sur la volatilité ne doivent pas discréditer la gestion indicielle, qui garde toute sa pertinence quand le marché se retourne, estime Régis Yancovici, conseiller financier spécialiste des ETF et fondateur d'ETFinances.

1/ Les incidents observés ces derniers jours sur les produits indexés sur la volatilité des marchés actions avec des effets de levier illustrent-ils les dangers de la gestion indicielle ?

Régis Yancovici - "Cela a été la stratégie ultra-gagnante l'année dernière d'être "short" sur la volatilité mais lorsqu'on est "short" d'un actif comme la volatilité, si elle monte, vous perdez. Que ce soit encapsulé au sein d'un ETF "long" - je dis ETF par abus de langage parce que ces produits n'en sont pas vraiment -, ne change pas vraiment le problème.

"Tous ces gérants d'ETF ont mis en place des systèmes de vente forcée et à partir du moment où un seuil est atteint, ils délistent le produit et ils remboursent les porteurs à hauteur de ce qu'il reste. Ce qui est en train de se passer était prévisible mais ce qui amplifie le phénomène, c'est que c'était le placement à succès des mois et même des années passées. Mais les produits en tant que tel ont fonctionné comme on pouvait s'y attendre. IL n'y a pas eu de décalage, il y a simplement eu une suspension de cotation sur certains ETF, ce qui est assez logique.

"La volatilité s'est tendue de 70 à 80%, il est normal qu'il y ait une réaction sur un produit "short" sur la volatilité. C'est un peu dommage parce que cela va jeter l'opprobre soit sur le produit indiciel coté en tant que tel, soit sur la stratégie elle-même. Il n'y a aucune raison pour cela. Le produit indiciel a simplement fait ce qu'on lui demandait de faire et la stratégie d'être "short" sur la volatilité reste une stratégie très intéressante et très intelligente, mais il faut en accepter les risques."

2/ La vente en panique d'investisseurs en ETF pourrait-elle créer un effet boule de neige et amplifier la correction en cours ?

Régis Yancovici - "Il y a maintenant des psychologies d'investisseurs très diverses et très complexes. Les positions actions sont regardées en fonction de la volatilité et inversement. Qu'il y ait un effet d'entraînement serait quelque chose qui ne me surprendrait pas. On voit des excès des positions sur les contrats à terme sur la volatilité alors qu'à la base, c'est une classe d'actifs qui a vocation à protéger les investisseurs.

"Je trouve cela finalement plutôt sain d'avoir un marché volatil, d'avoir une correction qui réinjecte de la crainte dans le marché pour envisager une nouvelle phase haussière."

3/ La gestion indicielle perd-elle sa pertinence quand le marché se retourne et que la volatilité grimpe ?

Régis Yancovici - "Pas du tout. Ce que l'on aperçoit sur le comportement des gestions actives, c'est que c'est quand le marché se retourne qu'elles ont le plus de mal, c'est là qu'elles sous-performent le plus. C'est à ce moment qu'on a besoin de prendre en main l'allocation d'actifs et de ne pas la déléguer. Les avantages des ETF, notamment en matière de transparence et de contrôle du risque, sont d'autant plus utiles quand les conditions de marché deviennent chaotiques."

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(Propos recueillis par Patrick Vignal, édité par Blandine Hénault)