Les détaillants américains se préparent pour le Black Friday, qui marque le début de la saison des achats après la fête de Thanksgiving, tandis que les données sur l'activité économique devraient permettre de mesurer la température dans le reste du monde.

La mise à jour du budget britannique est sous les feux de la rampe, tandis que le yen pourrait retrouver un peu d'oxygène et que l'Argentine se dirige vers une élection clé.

Lewis Krauskopf à New York, Kevin Buckland à Tokyo et Naomi Rovnick, Dhara Ranasinghe et Karin Strohecker à Londres vous présentent les marchés mondiaux pour la semaine à venir.

1/ LA CHASSE AUX BONNES AFFAIRES

La période cruciale des achats pour les fêtes de fin d'année démarre avec le Black Friday le 24 novembre, à un moment où les investisseurs se demandent si l'économie américaine, axée sur la consommation, peut rester résiliente.

Cette année, le Black Friday intervient alors que les Américains sont confrontés à la flambée des taux d'intérêt et à une inflation qui, bien qu'en baisse, reste supérieure à l'objectif de 2 % fixé par la Réserve fédérale.

D'ores et déjà, les données du mois d'octobre montrent que les ventes au détail aux États-Unis ont baissé, ce qui indique un ralentissement de la demande, même si la baisse a été moins importante que prévu.

Le fabricant de puces Nvidia, qui publiera ses derniers résultats le 21 novembre, devrait également susciter beaucoup d'intérêt. Il s'agit des derniers résultats de la saison des bénéfices des 7 grandes capitalisations boursières, dont les gains d'actions massifs cette année ont fait grimper les indices boursiers.

2/ DOUX OU DUR

Atterrissage en douceur ou en force ? Il est certain que des arguments convaincants peuvent être avancés en faveur de l'un et de l'autre. La Commission européenne prévoit que la zone euro évitera une récession technique ; la Grande-Bretagne vient d'éviter le début d'une récession.

Les indices rapides des directeurs d'achat (PMI) de novembre, qui doivent être publiés dans le monde entier, devraient aider les investisseurs à évaluer les risques de récession et la rapidité avec laquelle les réductions de taux commenceront.

L'indice PMI de la zone euro se situe déjà en dessous de la barre des 50, ce qui indique une contraction de l'activité économique. Il en va de même en Grande-Bretagne, tandis que l'indice PMI manufacturier d'octobre aux États-Unis s'est fortement contracté.

Le poids lourd des obligations PIMCO estime à 50 % la probabilité d'une récession américaine d'ici un an. Les prix du marché pour les réductions de taux suggèrent que les traders estiment que la croissance économique ralentira suffisamment vite pour que la Fed et la Banque centrale européenne passent en mode d'assouplissement. Et bien sûr, les espoirs d'un atterrissage en douceur pourraient s'évanouir rapidement si l'inflation ralentissait plus vite et si le chômage augmentait rapidement.

3/ 11 DOWNING STREET

La politique britannique a été dramatique, le Premier ministre Rishi Sunak ayant renvoyé son ministre de l'Intérieur, ramené l'ancien leader David Cameron au sein du gouvernement et remanié d'autres postes de premier plan.

Le ministre des finances, Jeremy Hunt, va maintenant passer à la vitesse supérieure avec sa déclaration d'automne du 22 novembre, en se concentrant sur la relance de la croissance avant les élections prévues en 2024.

Les analystes prévoient que le gouvernement, paralysé par une économie stagnante et une dette élevée, ne fera pas de grandes promesses d'investissement.

Néanmoins, M. Hunt semble prêt à réduire les impôts pour les électeurs et les entreprises, ce qui soulagerait les nombreux législateurs conservateurs inquiets de l'avance considérable du parti travailliste dans les sondages d'opinion. Il pourrait également revoir à la baisse les prévisions d'emprunt à court terme, ce qui stimulerait temporairement les obligations d'État.

Natwest estime que le Royaume-Uni pourrait émettre 10 % de dette en plus en 2024-2025 par rapport à l'année fiscale en cours - une évolution qui amplifierait les inquiétudes à long terme concernant l'offre excédentaire sur le marché des gilts.

4/ MORT, IMPÔTS, FAIBLESSE DU YEN

L'affaiblissement du yen semble inévitable, même si la Banque du Japon fait de plus en plus allusion à la fin d'une politique ultra souple et que les investisseurs sont de plus en plus convaincus que la Fed a fini de resserrer sa politique.

Après avoir frôlé la barre des 152 dollars en début de semaine, grâce au refroidissement des données sur l'inflation aux États-Unis, le yen est revenu à 151 dollars le lendemain. C'est du déjà vu pour les opérateurs, qui ont vu le soutien apporté par la faiblesse des chiffres de l'emploi aux États-Unis le 3 novembre se prolonger jusqu'au week-end.

Si les écarts de taux entre le Japon et les États-Unis ne sont pas de bon augure pour le yen, le changement d'orientation de la politique monétaire devrait au moins donner aux marchés tournés vers l'avenir un peu de répit.

Tant que ce n'est pas le cas, le cabinet Kishida est sous pression, car un yen faible est impopulaire sur le plan politique. Cela signifie que Tokyo n'est jamais très loin du déclenchement d'une intervention.

5/ PHOTO FINISH ?

Les Argentins élisent un nouveau président dimanche dans une course très serrée opposant le chef de l'économie péroniste de centre-gauche Sergio Massa à l'outsider libertaire Javier Milei, et les sondages suggèrent un probable photo-finish.

Ils proposent deux visions radicalement différentes pour la deuxième économie d'Amérique du Sud : Milei propose une thérapie de choc potentiellement douloureuse pour le pays en difficulté qui a épuisé ses réserves de change, dont l'inflation dépasse 140 % et qui est menacé de récession. Le pragmatique Massa promet un gouvernement d'unité et des changements plus progressifs pour résoudre la crise qui s'est aggravée sous son mandat.

Les investisseurs s'attendent à des temps difficiles, le programme crucial de 44 milliards de dollars du FMI pour l'Argentine étant en péril et les obligations internationales étant cotées à des niveaux très bas.

De plus, la volatilité induite par les élections se poursuivra sur les marchés émergents : l'Égypte, Taïwan, l'Afrique du Sud et l'Inde ne sont que quelques-uns des pays qui seront appelés à voter dans les mois à venir.