par Madeline Chambers

BERLIN, 25 septembre (Reuters) - Après avoir pris acte d'une victoire qu'elle espérait "un peu meilleure" aux législatives allemandes, Angela Merkel va s'atteler dès lundi à la difficile composition d'une coalition au sein d'un Parlement où l'extrême-droite occupe désormais la troisième place.

Sanctionnés pour leur politique d'accueil des réfugiés, les chrétiens démocrates (CDU) d'Angela Merkel et les chrétiens-sociaux (CSU) ont remporté 32,9% des suffrages, un score en retrait de 8,6 points par rapport aux législatives de 2013, et à leur plus faible niveau depuis la fondation de la RFA en 1949.

La CDU-CSU reste toutefois le premier parti au Bundestag, et, comme l'a souligné Angela Merkel, aucune coalition n'est possible sans le bloc conservateur.

"Il ne peut y avoir de gouvernement de coalition construit contre nous", a-t-elle déclaré dimanche soir, se disant certaine de la formation d'un gouvernement stable d'ici Noël.

Une coalition à trois avec les libéraux du FDP, au score de 10,6%, et les écologistes des Grünen, donnés à 8,9%, s'annonce cependant instable, une incertitude qui semblait agiter les marchés.

L'euro EUR=D4 a reculé de 0,4% lundi matin sur les marchés asiatiques, à 1,1906 dollar.

Le premier choc du scrutin reste cependant l'entrée au Bundestag de l'extrême-droite de l'Alternative für Deutschland (AfD), avec 13% des voix, inédite depuis la Seconde Guerre mondiale.

L'entrée "de l'AfD au Bundestag est nuisible à notre pays", jugeait le chef de la confédération des associations patronales allemandes BDA, Ingo Kramer. "Les autres partis ont désormais la tâche d'acculer l'AfD dans les débats parlementaires directs."

LE SPD DANS L'OPPOSITION

L'un des principaux candidats du parti, Alexander Gauland, 76 ans, a donné dimanche un aperçu du ton des débats, déclarant à propos de Merkel: "Nous allons la talonner. Nous allons reprendre notre pays et notre peuple."

Les patrons d'industrie ont invité Angela Merkel à agir vite.

"Nos groupes ont besoin de signaux clairs. Il s'agit avant tout maintenant d'éviter des dégâts sur l'Allemagne en tant que place d'affaires", estimait le président de la fédération patronale allemande BDI, Dieter Kempf.

Martin Schulz, le chef de file des sociaux-démocrates du SPD, a annoncé dimanche que son parti rejoignait l'opposition et ne ferait plus partie de la coalition de gouvernement après le verdict cuisant des urnes, un score historiquement bas de 20,6%.

Une coalition "Jamaïque" (noir pour la CDU-CSU, jaune pour les libéraux, vert pour les Grünen) est susceptible d'être fragilisée par les vues diamétralement opposées des formations sur certains sujets cruciaux : les réfugiés, la politique fiscale ou l'Europe.

Si les écologistes ont affirmé dès dimanche soir qu'ils étaient toujours favorables à une "Europe plus forte", en revanche le FDP refuse toute nouvelle mesure en faveur de l'intégration européenne de l'Allemagne, et pourrait donc compromettre le projet de relance du moteur franco-allemand d'Emmanuel Macron. et

Les résultats définitifs de l'élection sont attendus lundi matin. Les partis se réuniront dans la journée et tiendront des conférences de presse. (Madeline Chambers, Julie Carriat pour le service français, édité par Eric Faye)