JERUSALEM, 31 janvier (Reuters) - Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a plaidé dimanche pour une approche plus "mesurée" du conflit israélo-palestinien à propos de l'idée française d'une conférence internationale en vue de relancer les négociations de paix et de la "menace" de Paris de reconnaître un Etat palestinien en cas de "blocage".

Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a annoncé vendredi que la France allait entamer dans les prochaines semaines des démarches pour préparer une conférence internationale afin de relancer le processus de paix israélo-palestinien et faire aboutir la solution des deux Etats.

Si cette "ultime tentative de solution négociée se heurte à un blocage", "nous devrons prendre nos responsabilités en reconnaissant l'Etat palestinien", a ajouté Laurent Fabius.

S'exprimant dimanche lors du conseil des ministres, Benjamin Netanyahu n'a pas explicitement rejeté l'idée d'une conférence internationale mais a jugé que la "menace" française de reconnaître un Etat palestinien en cas d'échec compromettait dès le départ cette initiative.

Cette "menace", a-t-il ajouté, "ne peut qu'inciter les Palestiniens à ne faire aucun compromis". "Je pense qu'on va adopter une approche plus mesurée de cette question", a-t-il dit.

"Notre position est très claire: nous sommes disposés à engager des négociations directes sans conditions préalables et sans conditions imposées", a-t-il souligné.

Un responsable du gouvernement israélien a déclaré samedi qu'Israël était prêt à "examiner" une invitation à participer à une conférence mais a ajouté que la France avait fait une erreur en disant qu'elle reconnaîtrait un Etat palestinien en cas de blocage.

Pour ce responsable israélien, "comment imaginer que les Palestiniens pourraient transiger un tant soit peu lors d'une conférence internationale s'ils savent déjà que, si les discussions ne progressent pas, ils obtiendront ce qu'ils veulent ?"

Le président palestinien Mahmoud Abbas, qui s'exprimait lors du sommet de l'Union africaine samedi à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, a appelé l'UA à soutenir l'initiative française.

Deux ministres israéliens ont d'ores et déjà appelé à boycotter une telle conférence. "Il n'est pas question qu'Israël participe sous la menace à une conférence", a dit le ministre des Transports, Yisrael Katz. Un avis partagé par son collègue de l'Energie, Yuval Steinitz.

Un responsable américain a réagi avec prudence à l'idée française, rappelant la position des Etats-Unis qui préféreraient des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens. (Jeffrey Heller avec John Irish, Dan Williams, Ali Sawafta et Nidal al-Mughrabi, Guy Kerivel pour le service français)