(Actualisé avec porte-parole présidentiel, président, action de partisans de Morsi)

par Michael Georgy

LE CAIRE, 5 octobre (Reuters) - Les autorités égyptiennes ont lancé samedi une sévère mise en garde aux Frères musulmans, soulignant que tout participant à une manifestation contre l'armée dimanche, jour anniversaire de l'offensive du Kippour en 1973 contre Israël, serait considéré comme un agent de l'étranger.

Adversaires et partisans de la confrérie mulsmane ont appelé à manifester dimanche, alors que des affrontements meurtriers se sont produits vendredi entre les forces de l'ordre et des partisans des Frères.

"Les personnes protestant contre l'armée le jour anniversaire de la victoire (6 octobre 1973) exerceront les activités d'un agent, pas d'un activiste", a déclaré le porte-parole présidentiel, cité par l'agence de presse nationale Mena.

"Il n'est pas convenable de passer d'un combat contre les autorités à un conflit avec la nation", a ajouté Ahmed al Mouslimani.

Les manifestations de vendredi, à l'issue desquelles quatre personnes ont été tuées, étaient d'une ampleur sans précédent depuis le 14 août, date à laquelle deux campements de partisans de l'ancien président Mohamed Morsi, déposé par l'armée début juillet, avaient été violemment démantelés au Caire. (voir )

Le ministère de l'Intérieur a de son côté fait part dans un communiqué de "sa détermination face aux violences et aux infractions à la loi des partisans des Frères musulmans".

"La sécurité a été accrue sur les grands axes routiers, dans toutes les villes et sur les sites importants", ajoute-t-il. "Le ministère de l'Intérieur met en garde contre toute tentative de perturbation des commémorations du 6 octobre."

Samedi après-midi, un millier de partisans de Mohamed Morsi ont tenté de rejoindre les environs de la mosquée cairote, Rabaa al Adaouiya, siège de l'un des campements démantelés en août, mais des sources des services de sécurité ont rapporté qu'ils avaient été repoussés par la police, à l'exception d'une cinquantaine d'entre eux.

Les opposants comme les partisans de la confrérie islamique ont appelé à de vastes manifestations dimanche, date à laquelle les Egyptiens commémorent leur offensive inattendue qui a ouvert la guerre du Kippour contre Israël en 1973.

INTRANSIGEANCE DES AUTORITÉS

L'armée a notamment renforcé sa présence autour de la place Tahrir, qui fut l'épicentre des rassemblements contre le président Hosni Moubarak début 2011, et où des manifestants ont encore été délogés vendredi.

Mena cite des propos du ministre de l'Intérieur, Mohamed Ibrahim, selon qui les forces de sécurité ne toléreraient aucune tentative de bloquer les routes et de "répandre le chaos".

Le Premier ministre, Hazem el Beblaoui, a lui tenté de rassurer les Egyptiens en déclarant samedi que les "éléments malfaisants", allusion manifeste aux islamistes, étaient encore dangereux mais avaient perdu la plus grande partie de leur pouvoir.

La répression en cours contre les Frères musulmans est l'une des plus violentes subies par la confrérie depuis sa création il y a 85 ans. Des centaines de ses partisans ont été tués par les forces de l'ordre et nombre de ses dirigeants sont en prison.

Dans une adresse télévisée au pays, Adli Mansour, président égyptien par intérim, s'est engagé à l'adoption d'une Constitution qui tienne compte de "tous les Egyptiens", et à la tenue dans la foulée d'élections législatives et présidentielle, qui soient libres et équitables.

Des sources proches des forces de sécurité ont par ailleurs annoncé l'arrestation samedi de deux membres du réseau islamiste Al Qaïda qui portaient des grenades, et dont l'un a blessé six policiers avec l'une d'entre elles. (Julien Dury pour le service français, édité par Pascal Liétout)