(Actualisé avec déclarations de Hollande et réactions du directeur général de l'agence juive)

PARIS, 13 janvier (Reuters) - Les départs des juifs de France vers Israël sont en progression constante depuis 2013, a déclaré mercredi le directeur général de l'agence juive, après qu'une agression à Marseille a rouvert le débat sur la sécurité de la communauté juive de France.

"Depuis 2013, les chiffres de l'aliyah en France sont non seulement en progression mais ils sont surtout inscrits dans une tendance" a expliqué à Reuters Daniel Benhaim. "On a l'impression que cette tendance n'est pas prête de s'arrêter."

Le départ des jeunes familles, particulièrement, a connu un "grand boom", a-t-il déclaré, celles-ci représentant près de 50% des 7.900 personnes (estimation provisoire) ayant quitté la France pour Israël en 2015.

Les crimes perpétrés en 2012 par Mohamed Merah, qui avait assassiné quatre personnes de religion juive, dont trois enfants, à Toulouse avaient déjà nourri la tendance à la hausse des départs et l'assassinat de quatre juifs par Amedy Coulibaly en janvier 2015 dans une supérette casher près de Paris a contribué à accentuer le mouvement.

"Aujourd'hui, pour être juif en France, il faut vivre protégé ou vivre caché", a dit Daniel Benhaim.

"Est-ce que malheureusement, on n'a pas l'impression demain qu'il risque d'y avoir de nouvelles attaques antisémites, voire de nouveaux attentats terroristes à caractère antisémite?", s'est-il interrogé, avant d'ajouter, "ça serait utopique de penser que non."

François Hollande a réaffirmé mercredi le droit des juifs de vivre leur religion ouvertement.

"Il est insupportable dans notre pays que des citoyens se voient inquiétés, agressés, frappés en raison de leur choix religieux. Il est insupportable qu'ils puissent en tirer la conclusion qu'il faudrait se cacher", a-t-il dit lors de ses voeux aux corps constitués et aux bureaux des assemblées.

Les responsables des institutions juives de France ont déploré mardi une "attitude défaitiste" après l'appel du président du Consistoire israélite de Marseille à "retirer provisoirement" la kippa au lendemain de l'agression à la machette d'un enseignant juif.

Un enseignant juif portant une kippa a été agressé à la machette par un adolescent -un jeune Turc d'origine kurde - se revendiquant de l'Etat islamique (EI) et qui a été mise en examen mercredi. (Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)