Zurich (awp) - Les loyers vont continuer leur progression, tirant l'inflation à la hausse. Mais cela ne doit pas remettre en question le resserrement monétaire, qui vise à contrôler le renchérissement sur le long terme, a indiqué jeudi la Banque nationale suisse (BNS).

"Une hausse du taux directeur entraîne celle des taux hypothécaires et par conséquent également du taux d'intérêt de référence pour les loyers", a rappelé Thomas Jordan, président de la BNS, lors d'une conférence de presse à Zurich dans les locaux de l'institut d'émission.

Si le renchérissement des loyers risque de "tirer temporairement l'inflation vers le haut", la BNS maintient le bien-fondé de sa politique. "Cela ne doit toutefois pas nous empêcher de relever notre taux directeur lorsque c'est nécessaire. En effet, faute d'un resserrement de notre politique monétaire, l'inflation risquerait de perdurer, rendant inévitables des relèvements de taux bien plus importants par la suite", a expliqué M. Jordan.

L'inflation est attendue à 2,2% pour l'année en cours et la suivante, avant de ralentir à 2,1% en 2025, des niveaux encore supérieurs à l'objectif de stabilité des prix défendu par la BNS et qui se situe entre 0% et 2%. Face à une accélération des prix toujours vive, la banque centrale helvétique a fait passer jeudi son taux directeur à 1,75%, après 1,50% en mars.

Nouvelles hausses du taux de référence hypothécaire

Cette hausse a une influence à plusieurs niveaux sur le marché immobilier, non seulement pour les locataires mais aussi pour les propriétaires et les investisseurs immobiliers. Alors que ces derniers ont vu le coût de leurs hypothèques augmenter, les locataires font désormais face à des hausses de loyers. L'Office fédéral du logement (OFL) a en effet relevé début juin le taux de référence hypothécaire, qui sert de base de calcul pour les loyers et qui est couplé aux taux hypothécaires.

Avec d'éventuelles nouvelles hausses du taux directeur cette année, les loyers devraient donc continuer à prendre l'ascenseur, ce qui ferait augmenter davantage l'inflation. Mais pour Thomas Jordan, "la hausse du taux directeur n'a qu'un effet temporaire sur les loyers", soulignant qu'il le resserrement monétaire ne produisait pas d'"effet boomerang".

Plusieurs années durant, un risque de bulle immobilière s'est profilé sur le marché immobilier suisse. La politique des taux négatifs laissait peu d'options aux investisseurs pour placer leur argent dans des actifs sûrs, sur le long terme et offrant un rendement positif. Il en a résulté une forte demande pour des achats de biens immobiliers, poussant les prix à la hausse.

Alors que l'ère des taux négatifs est reléguée au passé, une accalmie se dessine sur le marché de la propriété du logement. La hausse des prix des maisons individuelles et des appartements en propriété par étage a ralenti au cours des derniers trimestres. Les prix des immeubles locatifs résidentiels ont même reculé, a souligné l'institut d'émission.

Du côté des hypothèques, la croissance du volume des prêts hypothécaires a évolué à un rythme inchangé. "Sur les marchés hypothécaire et immobilier, les vulnérabilités persistent", a cependant averti la BNS.

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