Zurich (awp) - Le groupe d'embouteillage mexicain Femsa veut se servir du détaillant Valora pour mettre le pied en Europe. Il offre 1,1 milliard de francs suisses pour s'emparer du groupe de Muttenz.

Le rachat de Valora par Femsa, qui devrait être conclu fin septembre ou début octobre, porte sur "la croissance", a assuré mardi Sascha Zahnd, le président du détaillant bâlois, lors d'une téléconférence. Celui qui quittera son poste une fois l'opération bouclée a ajouté qu'il n'était pas question de synergies.

La multinationale Fomento Económico Mexicano (Femsa) compte débourser 260 francs suisses par action en espèces pour s'emparer de Valora, qui détient les enseignes K kiosk, Brezelkönig, Backwerk, Press & Books ou encore Caffè Spettacolo. Le groupe continuera ses opérations sous son nom et avec ses marques.

Pour Daniel Rodriguez, le directeur général de Femsa, il s'agit d'utiliser Valora pour croître organiquement en Europe, où le groupe coté au Mexique et aux Etats-Unis ne dispose pas d'activités, mais aussi par acquisitions. Le bâlois compte 2700 points de vente, essentiellement en Suisse et en Allemagne, mais aussi en Autriche, au Luxembourg et aux Pays-Bas.

Siège maintenu en Suisse 

L'entreprise devrait être décotée de la Bourse suisse et intégrée dans la division Proximity de Femsa. Le siège restera à Muttenz. "Nous démarrons ici, il n'est pas question de coûts", a affirmé le patron. "Nous n'avons pas de plan spécifique pour déménager ailleurs", sans toutefois s'engager sur une éventuelle durée.

L'embouteilleur, actionnaire de Heineken et disposant d'une coentreprise avec Coca-Cola, a prospecté en Europe mais aussi aux Etats-Unis, où "c'est de plus en plus cher", a précisé le CEO. Femsa, qui compte également un réseau de pharmacies, a totalisé 27 milliards de dollars de ventes en 2021, quand Valora a engrangé 2,2 milliards de francs suisses de chiffre d'affaires.

Alors que le marché est en phase de "consolidation" en Europe, "nous devenons désormais un solide acteur", s'est réjoui le président Sascha Zahnd. Le directeur général Michael Mueller, qui restera en place dans la nouvelle organisation, a précisé que si Valora sait travailler "en plusieurs formats et dans plusieurs pays", "nous pouvons gagner en connaissances sur la numérisation". L'entreprise table sur un chiffre d'affaires 2022 au niveau d'avant la pandémie.

Le prix de l'offre implique une prime de 57,3% par rapport au cours moyen pondéré par les volumes sur SIX Swiss Exchange au cours des 60 derniers jours de négoce (soit 165,26 francs suisses) et de 52% par rapport au cours de clôture de lundi (171 francs suisses). Le prospectus de l'offre devrait être publié le 20 juillet et celle-ci s'étendrait environ du 5 août au 2 septembre. Un délai supplémentaire d'acceptation est prévu du 9 septembre au 22 septembre 2022.

Le conseil d'administration de Valora recommande aux actionnaires d'approuver l'opération. Ernst Peter Ditsch, le plus gros détenteur individuel de titres (16,91%), la soutient et va "apporter toutes ses actions dans le cadre de l'offre", selon le communiqué.

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) estime que l'acquisition par Femsa apporte à Valora de bonnes possibilités de mise en commun des ressources, d'extension du réseau européen et d'échange de savoir-faire, notamment dans le numérique. La question des économies d'échelle reste ouverte.

Pour Stifel, il s'agit une grande et positive surprise. Le prix proposé à 260 francs suisses est le mieux que puissent obtenir les actionnaires à court terme, étant donné que le cours de l'action s'est consolidé depuis le début de la pandémie. Avant la crise sanitaire, le titre atteignait 290,50 francs suisses.

L'offre mexicaine a reçu un accueil enthousiaste de la part des investisseurs, l'action Valora terminant la séance sur un bond de 51,46% à 259 francs suisses, dans un marché déprimé, le SPI clôturant lui en repli de 1,41.

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