UL Solutions (abréviation de Underwriters Laboratories) est une compagnie indépendante américaine de conseil et de certification de sécurité des produits. Fondée en 1894, l’entreprise est née de l’idée de créer un laboratoire d'essais électriques pour les assureurs. Le terme "underwriters" fait donc référence aux souscripteurs en français, qui sont des professionnels travaillant généralement pour des compagnies d'assurance et dont le rôle est d'évaluer les risques afin de déterminer si la compagnie d'assurance assurera ce dernier et, le cas échéant, en fixer le prix.
Bien qu’elle ait changé de nom plusieurs fois au cours du siècle dernier, l’objectif est toujours resté le même : promouvoir des environnements de vie et de travail plus sûrs. UL Solutions a donc certifié de nombreux produits, au gré des innovations et des changements dans les habitudes de consommation, les rendant aptes à la commercialisation.
En 2023, ils sont devenus le plus grand fournisseur de services TIC en Amérique du Nord en termes de revenus, disposant d'un réseau international de laboratoires. ULS compte plus de 80 000 clients dans plus de 110 pays.
Ainsi, le marché mondial des TIC (“Testing, Inspection and Certification”) est divisé en deux segments : le marché interne (60 % du marché global) et le marché des TIC externes (environ 40 %). UL Solutions est leader en termes de chiffre d’affaires sur le marché externalisé et mise sur le développement rapide de ce dernier. En effet, de plus en plus d'entreprises choisissent d'externaliser les services TIC dans le but de maîtriser les coûts, de pallier les pénuries de main-d'œuvre et de se conformer rapidement aux nouvelles normes et réglementations. Le modèle d’UL permet des adaptations rapides et facilite donc la mise sur le marché des produits de ses clients.
Le groupe détient 7 % des parts du marché mondial des TIC sur les produits, réparties sur deux segments principaux : 43 % dans le secteur industriel et 44 % sur le marché de la consommation. Les 13 % restants se concentrent sur les logiciels et le conseil (S&A). Cette répartition du revenu se décompose en quatre services qui couvrent l’ensemble de l’activité du groupe :
- Tests de certification (27 %) : ils évaluent les produits et systèmes selon les normes réglementaires et de performance, incluant des tests de conformité et de sécurité fonctionnelle. Ces services accompagnent le cycle de développement des produits, aidant à minimiser les risques et à prouver leur conformité. À l'issue de la certification, ils autorisent leurs clients à apposer la marque UL sur leurs produits.
- Services de certification (33 %) : pour conserver le droit d'utiliser leurs marques de certification, leurs clients doivent satisfaire à des exigences spécifiques des programmes de certification, incluant des inspections obligatoires et un suivi de leur part. Les services sont fournis par le biais d'inspections périodiques, d'audits initiaux et de suivi. La fréquence et la combinaison de ces services peuvent varier en fonction du produit.
- Tests non-certifiants et autres services (30 %) : le groupe répond aux besoins des clients ou à d'autres exigences qui ne sont pas d’ordre réglementaires - ne pouvant aboutir à une certification - mais qui sont tout de même demandés pour assurer la sécurité, la performance et la fiabilité de leurs produits. Ils offrent des inspections, des audits, et autres tests spécialisés pour la sécurité, la performance et la fiabilité des produits dans divers secteurs, ainsi que des conseils techniques pour la sécurité, la conformité et la gestion des risques réglementaires.
- Logiciel (10 %) : ils proposent des logiciels SaaS et sous licence, avec formation et mise en œuvre, pour simplifier la gestion réglementaire, la transparence de la chaîne d'approvisionnement et le développement durable. Ces solutions incluent la gestion de données produit, la traçabilité des substances chimiques, des insights ESG et des outils pour la conformité EHS (environnement, hygiène, sécurité).
L'entreprise affichait un chiffre d'affaires de 2,7 milliards USD avant son introduction en bourse, avec une croissance du CAGR de 6,9 % depuis 2011. Poursuivant sur cette dynamique, le groupe a enregistré une hausse de son chiffre d'affaires dans chacun de ses segments au premier semestre 2024. Elle a réalisé une croissance organique (hors acquisitions et à taux de change constants) de 8,4 % sur un an, tandis que son EBITDA a progressé de 11,6 %, grâce à une expansion de la marge d'environ 1,20 point pour atteindre 23,70 % au S1 2024.
UL Solutions a démontré une performance financière robuste au troisième trimestre de 2024, avec des revenus s'élevant à 731 millions de dollars, marquant une croissance de 8,1 %, soutenue par une croissance organique de 9,3 %. La société a enregistré une croissance particulièrement forte dans ses segments Industriel et Consommateur, avec respectivement 11,7 % et 9,2 % de croissance organique. L'EBITDA ajusté a augmenté de 12,3 %, et la marge d'EBITDA ajustée s'est élargie de 90 points de base. Le bénéfice net ajusté a connu une hausse de 6,1 %, et la société a généré un flux de trésorerie disponible de 215 millions de dollars depuis le début de l'année.
Du point de vue stratégique, l'ouverture d'un nouveau laboratoire de test de batteries à grande échelle à Auburn Hills, Michigan, représente un investissement majeur et a commencé ses opérations avec un carnet de commandes solide. La société se concentre sur des mégatendances clés telles que la transition énergétique, l'électrification et la durabilité, et a mis en évidence son engagement envers la sécurité, notamment en matière de batteries au lithium-ion. Au cours des dix dernières années, ULS a réalisé 54 acquisitions permettant de soutenir la croissance. Cela a conduit à une augmentation des dépenses en capital (CAPEX), qui ont été revues à la hausse, représentant désormais 8 à 8,5 % de ses revenus annuels (contre 7,5-8 % précédemment). ULS avait déjà renforcé ses installations en Corée avec un nouveau centre de test pour l'automobile et les batteries et acquis Batterieingenieure, une entreprise allemande spécialisée dans les batteries, plus tôt dans l’année. Enfin, elle a complété l'acquisition de TesTneT, qui jouera un rôle central dans sa stratégie future liée à l'hydrogène.
Concernant les performances par segment, le segment Industriel a affiché une croissance impressionnante, tandis que le segment Consommateur a également enregistré une croissance soutenue. Cependant, le segment Logiciel et Conseil a sous-performé par rapport aux attentes, avec une croissance de seulement 2,2 % sur le trimestre, marquant un léger déclin dans les services de conseil.
Avec un PER 2024 estimé à 32,9 fois les bénéfices, ULS se situe légèrement au-dessus de ses pairs. Cependant, il faut relever qu’elle est plus diversifiée que ces derniers et est en position de leader sur le marché américain des TIC. A titre de comparaison, un de ses principaux concurrents est le français Bureau Veritas, dont la croissance et les marges sont légèrement plus faibles, traite à un PER de 26x pour une valorisation de 14,2 milliards USD contre 10,3 pour ULS. Au 30 septembre 2024, la dette totale s'élevait à 802 millions de dollars, soit une baisse de 9,3 % par rapport au T1.
Enfin, il convient de relever que l’actionnariat de l’entreprise est largement dominé par des investisseurs institutionnels, on peut regretter la faible part d’insider dans le capital qui ne représentent seulement 1,2 % du flottant total.
Points forts :
- Une image de marque reconnue qui conforte sa position de leader indépendant en Amérique du Nord.
- Un adaptabilité rapide au marché qui s’appuie sur des flux de trésorerie constants lui permettant de soutenir sa croissance.
- Un modèle exportable à l’internationale où le renforcement des normes uniformisées favorise ULS.
- Des fondamentaux solides et une santé financière remarquable.
Risques :
- Le marché est tellement segmenté que la rationalité du portefeuille d’actifs va se complexifier. De même que l’adaptabilité va être un enjeu clé afin de pouvoir profiter des tendances.
- Il y a une saisonnalité à prendre en compte. Le chiffre d'affaires total est généralement le plus bas au premier trimestre et le plus élevé au quatrième trimestre, principalement en raison du calendrier des tests de non-certification et du chiffre d'affaires des autres services au sein de leurs segments industriels et grand public.
- Un risque, inhérent à l'activité de l'entreprise, serait une défaillance provenant d'un produit qu’elle aurait certifié, ce qui nuirait considérablement à sa réputation.