Southwest forme une cible facile, qu’Elliott vise en plein coeur en prenant directement une participation de 11%. Cette arrivée est accompagnée d’une critique inhabituellement brutale de l’équipe de direction en place, mais d’aucune suggestion d’amélioration en particulier au niveau des opérations.
Elliott agit-il en service commandé ou est-il sincère lorsqu’il décrit Southwest comme « la plus belle opportunité de restructuration dans le secteur du transport aérien depuis vingt ans » ? Dans l’oligopole nord-américain composé de United, American, Delta et Southwest, cette dernière n’est pas franchement la plus en peine.
Certes, son cours de bourse était il y a quelques jours encore sous son plancher atteint au printemps 2020, en pleine panique du Covid. Certes, les ratés se sont accumulés récemment, entre les retards de livraison de Boeing et l’improbable bug informatique qui a coûté à la compagnie la bagatelle de $1 milliard fin 2022.
Certes, la performance économique en termes de marges et de rentabilité a été ces derniers temps inférieure aux estimations des analyses. Mais Southwest, rappelons-le, ne fait pas franchement figure d’exception ici. En réalité, tout le secteur du transport aérien a été très durement touché par l’inflation.
En témoigne par exemple les récents résultats de United, qui en 2023 affichait un profit d’exploitation plus bas qu’en 2019 tant la hausse des coûts — salaires, maintenance, carburant, etc. — a absorbé la totalité de la croissance du chiffre d’affaires sur la période.
Longtemps réputée la compagnie la mieux gérée — avec ses 47 années de profitabilité consécutives — Southwest, c’est vrai, traîne un peu la patte depuis la reprise post-pandémie. En matière de valorisation, elle n’affiche cependant pas de décote particulière par rapport ses pairs ; ce serait même plutôt l'inverse.
Ceci nous amène à envisager une autre piste pour expliquer l’arrivée tambours battants d’Elliott : Southwest conserve depuis longtemps le meilleur bilan de son secteur, en position de trésorerie nette ; en plus d’un changement de direction, le fonds activiste voit-il ici l’opportunité de plaider en faveur de la distribution d’un dividende spécial ?