Le géant japonais de l'électronique a entrepris de se réinventer comme une entreprise spécialisée dans le divertissement, avec des revenus stables tirés de la musique et des jeux vidéo, mettant moins l'accent sur les téléviseurs et autres produits électroniques, qui ont été pendant des années des sources de pertes.

Mais les investisseurs, qui avaient salué la mue de Sony en portant le cours de l'action à un pic de 11 ans en septembre, se demandent aujourd'hui où est le nouveau relais de croissance du groupe, prenant acte du fait que la console PlayStation 4 (PS4) est en fin de cycle de vie.

Même si le titre Sony a bien commencé l'année, avec un gain de 3,25% à ce stade de 2019 (contre +3,87% pour le Nikkei 225), et que sa dernière baisse annuelle remonte à 2012, il accuse, au cours de clôture de vendredi, un repli de 21,1% par rapport au pic de 6.973 yens atteint en séance le 28 septembre 2018.

"Les ventes de la console (PS4) ont fléchi à 8,1 millions d'unités au cours du trimestre, mais elles sont en phase avec nos attentes car la console rentre dans sa sixième année", a déclaré le directeur financier de Sony, Hiroki Totoki.

Pour Hideki Yasuda, analyste chez Ace Securities, l'activité jeux, qui a dopé le bénéfice de Sony ces deux dernières années, devrait désormais plafonner dans l'attente du lancement d'une console de nouvelle génération. "C'est inévitable en raison du cycle du produit", dit-il.

Le groupe japonais a par ailleurs abaissé la prévision de bénéfice de sa division capteurs d'images, évoquant le ralentissement de la demande des smartphones dans le monde.

SONY EST DEVENU LE PREMIER ÉDITEUR MUSICAL

Sony a dégagé au troisième trimestre de l'exercice 2018-2019 un bénéfice de 376,99 milliards de yens contre 350,84 milliards un an plus tôt. Bien que record, ce résultat est inférieur à l'estimation moyenne des 10 analystes interrogés par Refinitiv qui tablaient sur 383,67 milliards.

Le bénéfice d'exploitation dans la division musique a bondi à 147,1 milliards de yens contre 39,3 milliards un an plus tôt à la faveur de la prise de contrôle d'EMI Music Publishing pour 2,3 milliards de dollars en mai 2018.

Cette opération, approuvée en octobre par l'UE, a permis au groupe japonais de devenir le premier éditeur de musique au monde et de tirer profit du renouveau du secteur à travers les services de "streaming" comme Spotify et Apple Music.

La division jeu a en revanche enregistré un repli de 14% de son bénéfice à 73,1 milliards après 85,4 milliards un an plus tôt. Le succès des titres exploités en exclusivité comme "Marvel's Spider-Man" n'ont pas suffi à compenser la baisse des ventes de la console PlayStation 4, sortie en novembre 2013.

Sony se montre cependant confiant sur ses perspectives et a réaffirmé sa prévision d'un bénéfice opérationnel record de 870 milliards de yens (6,99 milliards d'euros) au titre de l'exercice 2018-2019.

Jeudi, son concurrent Nintendo a revu à la baisse son objectif annuel de ventes pour la Switch, après avoir toutefois publié un bénéfice trimestriel en hausse de 36%, supérieur aux attentes, grâce à la solide demande de jeux pour sa console hybride.

(Makiko Yamazaki et Ritsuko Ando, Claude Chendjou pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)

par Makiko Yamazaki