Avec une chute de 30 %, Soitec est désormais complètement hors du train de l’IA. La société française fournit des matériaux pour semi-conducteurs, mais son positionnement trop niche l’empêche de profiter de la vague d’investissement sur les GPU et les puces mobiles. Reléguée au second plan, elle se retrouve dans un marché hostile, notamment dans les secteurs de l’automobile et des biens de consommation, où la demande s’essouffle.
Une marche à l’aveugle
À l’occasion de la publication de ses résultats du troisième trimestre (l'exercice se termine le 31 mars), Soitec a revu ses prévisions annuelles à la baisse. Son chiffre d’affaires atteint 226 millions d’euros, soit un recul de 10 % par rapport à l’année précédente. Pour l’exercice fiscal 2025 (clos fin mars prochain donc), l’entreprise table désormais sur une baisse comprise entre 7 et 9 %, avec une marge d’EBITDA attendue entre 32 et 34 %, contre 35 % précédemment. En cause : la détérioration des marchés de l’automobile et des biens de consommation.
Pierre Barnabé, PDG de Soitec, explique que plusieurs clients ont suspendu leurs commandes dans ces secteurs, en raison de conditions de marché défavorables. Il annonce également que la croissance sera "relativement limitée" en 2026 et refuse de communiquer sur des objectifs financiers à long terme, invoquant un manque de visibilité. Une déclaration qui n’a rien pour rassurer, surtout après une révision déjà pessimiste.
Des perspectives qui inquiètent
Selon Olivia Honychurch, analyste chez Jefferies, "le management s'attend maintenant à une croissance limitée pour l'année fiscale 2026, en raison de la faiblesse persistante du marché de l'automobile, de l'abandon progressif des revenus de l'Imager-SOI et de la poursuite de la réduction des stocks de RF-SOI dans les fonderies". Une situation qui complique encore un peu plus la position de Soitec.
L’impact sur la perception des investisseurs pourrait être considérable. "Ces perspectives mitigées impliquent une nouvelle réduction de la croissance du chiffre d'affaires consolidé pour l'exercice 2026 et nous pensons qu'elles pourraient éroder l'optimisme des investisseurs quant à l'exposition de Soitec au CPO", ajoute l’analyste. Avec une visibilité limitée et un marché qui se contracte, l’entreprise doit désormais convaincre qu’elle peut retrouver une dynamique positive.