* Deuxième jour de manifestations

* Sites Toyota et Panasonic attaqués

* Le Japon demande à la Chine de protéger ses ressortissants (Actualisé avec déclarations, détails)

par Michael Martina et Terril Yue Jones

PEKIN/CHENGDU, 16 septembre (Reuters) - Des rassemblements antijaponais alimentés par la querelle sur les îles Diaoyu-Senkaku ont réuni dimanche des milliers de manifestants dans plusieurs villes de Chine, pour la deuxième journée consécutive.

Le mouvement a commencé samedi dans plusieurs villes chinoises dont Pékin, où les manifestants ont fait le siège de l'ambassade du Japon à la suite de l'annonce par Tokyo, mardi, du rachat à leur propriétaire privé, une famille japonaise, de l'archipel que les Chinois appellent Diaoyu et les Japonais Senkaku.

Dimanche, la police chinoise est intervenue à l'aide de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser des milliers de mécontents installés sur une grande avenue de Shenzhen, près de Hong Kong, où les manifestants s'en sont pris aux forces de l'ordre et à un magasin japonais.

Des attaques semblables contre des commerces, des voitures et des restaurants japonais ont eu lieu dans au moins cinq villes chinoises.

Le groupe audiovisuel public nippon NHK a rapporté que des manifestants avaient pénétré samedi dans une dizaine d'usines japonaises à Qingdao, dans l'est de la Chine, et que les manifestations s'étaient étendues à 72 villes.

Egalement sur NHK, le Premier ministre japonais Yoshihiro Noda a pressé le gouvernement chinois de préserver "la sécurité des ressortissants japonais et des entreprises liées au Japon".

A Shanghai, environ 1.500 personnes munies de drapeaux chinois et de portraits de Mao ont marché jusqu'au consulat du Japon, mais la police ne les a autorisées à approcher du bâtiment que par petits groupes.

A Chengdu, dans le sud-ouest, la police a chargé une foule d'environ 2.000 manifestants qui marchaient vers le consulat américain, afin que les Etats-Unis "écoutent (leurs) voix", selon certains participants.

"DÉCLARER LA GUERRE"

"Est-ce que vous vous rendez compte de ce que font les Japonais ? Pourquoi est ce que vous frappez sur vos compatriotes chinois ?", ont crié des manifestants de Chengdu aux policiers, qui ont molesté certains d'entre eux.

Une foule d'une centaine de personnes s'est à nouveau regroupée devant l'ambassade du Japon à Pékin, gardée par six cordons de policiers anti-émeute. Certains protestataires ont jeté des bouteilles d'eau sur la façade de l'enceinte diplomatique.

"Le gouvernement devrait organiser un boycott massif des produits japonais, et si le gouvernement japonais ne nous rend pas notre territoire, nous devrions déclarer la guerre", lance Wang Shi, une Pékinoise d'une cinquantaine d'années.

La police a utilisé des haut-parleurs pour demander à la foule de respecter la loi et de rester "rationnelle".

"Nous trouvons que le gouvernement s'est montré trop mou", a dit à Pékin Zhang Xin, un vendeur de 25 ans, se disant "déçu" par le gouvernement, qui a réagi vendredi en dépêchant six navires de patrouille dans les eaux proches de l'archipel.

L'artiste dissident Ai Weiwei, qui se trouvait dimanche près de la manifestation pékinoise, a déclaré à Reuters qu'il pensait que le gouvernement et la police étaient impliqués dans l'ensemble des rassemblements.

"Les citoyens chinois doivent remercier le gouvernement japonais car pour la première fois, ils peuvent se livrer à une large manifestation dans leur propre pays", a-t-il dit. "En Chine, il n'y a pas de manifestation à l'initiative du peuple."

Les médias officiels chinois, tout en saluant les expressions de colère "rationnelles", mettent cependant en garde contre tout dérapage.

"Il y a eu certains comportements irrationnels regrettables", commente un éditorialiste sur le site internet du Quotidien du peuple, l'organe du Parti communiste chinois, qui prépare pour octobre la succession du président Hu Jintao.

"Les expressions violentes de patriotisme ne feront que mettre en joie les scélérats (japonais), mettre notre politique étrangère sur la défensive et blesser les sentiments de nos compatriotes", poursuit l'éditorialiste. (Jean-Stéphane Brosse et Julien Dury pour le service français)