Salesforce publiait hier soir ses résultats trimestriels. Dans la foulée, sa capitalisation boursière abandonnait $40 milliards de valorisation en après-séance. Aujourd’hui, à ne pas en douter, tous les yeux seront rivés sur la cotation du titre dès l’ouverture du marché.
Il est vrai que le groupe dirigé par Marc Benioff est sur la sellette depuis quelques temps. Les activistes de Elliott Management, Starboard Capital et ValueAct, entre autres, ont senti l’odeur du sang et menacent de mordre à tout moment.
Une série d’acquisitions douteuses, ou en tout cas possiblement surpayées — par exemple celles de Slack, Tableau ou Mulesoft — ainsi que diverses dépenses somptuaires ont provoqué l’ire de ces derniers.
Par ailleurs, en dépit d’une croissance spectaculaire à tous les niveaux — avec un chiffre d’affaires multiplié par sept en dix ans — les marges d’exploitation de Salesforce restaient incurablement basses, ou en tout cas très inférieures à celles de comparables directs comme Adobe ou ServiceNow.
Cela obscurcissait la performance d’un groupe qui demeure malgré tout une formidable machine à cash, avec un free cash-flow après stock-options de $6.7 milliards l’an passé.
Mais la tendance semble à l’amélioration — depuis l’année dernière justement. Les marges ont bondi et devraient encore s’améliorer cette année, pour atteindre 20%. Diverses initiatives ont également été prises pour prouver aux actionnaires que les acquisitions trop agressives appartenaient désormais au passé.
Si le marché réagit a priori mal à la publication d’hier soir, c’est sans doute parce que le rythme de croissance ralentit. Sur l’année fiscale dont le premier trimestre vient de s’achever, Salesforce anticipe en effet une croissance de 8% à 9% de ses ventes.
La performance reste honorable pour un groupe qui réalise $35 milliards de chiffre d'affairs, a fortiori avec une génération de cash qui dépasse à nouveau tous les records sur les trois mois écoulés.
Sur une base forward, la valorisation de Salesforce revient à un niveau possiblement très attractif de vingt fois le free cash-flow. Même au pic de panique induit par la pandémie, cette dernière n’était pas tombée à moins de trente fois le free cash-flow.