Le tout nouveau moteur est le résultat de neuf années de travail dont quatre rien que pour la seule certification. C’est le travail dans lequel s’est lancé Safran et qui porte ses fruits en devenant le premier moteur électrique certifié par l'Agence de l'Union européenne pour la sécurité aérienne (EASA). Cette certification est intervenue après une campagne d'essais de 1 500 heures de tests et plus de 100 heures de vol en conditions réelles.
Pour décrocher ce Saint Graal, Safran aura dû défricher une terre encore largement inexplorée. “Il a fallu mettre au point une technologie de rupture, démontrer sa fiabilité et établir un nouveau référentiel de certification”, a résumé Bruno Bellanger, président de Safran Electrical & Power, la branche du groupe spécialisée dans les équipements électriques. "Nous venons de vivre un moment clé dans l'histoire de l'aéronautique", s'est félicité ce dernier dans un communiqué.
Un rapport poids-puissance à destination des petits aéronefs
A l’AESA, on se félicite de l’initiative de Safran, qui ouvre la voie à une démocratisation de l’électrification du transport aérien. Certes, le biplace électrique Velis Electro du slovène Pipistrel vole depuis 2020, mais il entre dans la catégorie de l’aviation légère sportive, bien moins exigeante d’un point de vue réglementaire. En outre, c’est l’engin qui a été certifié et non précisément le moteur.
Le moteur ENGINeUS pourra s'intégrer dans de petits avions de 2 à 4 passagers pour une propulsion 100% électrique sur une centaine de kilomètres. Le moteur intègre l'électronique de puissance et de contrôle, offrant une puissance de 125 kW avec un rapport poids/puissance de 5 kW/kg. Mais ce moteur est également compatible avec un système hybride applicable aux avions de transport régional de 19 passagers, voire dans des appareils de 150 passagers pour les générations futures.

ERA (Electrical Regional Aircraft), Aura Aero
Aura Aero, constructeur français, a choisi le moteur Engineus pour son avion Integral E, prévu pour une certification fin 2026. Le même moteur équipera également son avion régional de 19 places, l'ERA, attendu pour une certification en 2028. Parmi les premiers acquéreurs de ce moteur figurent également VoltAero de France, Diamond Aircraft d'Autriche,TCab Tech de Chine, CAE du Canada, Bye Aerospace et Electra des États-Unis.
Un début de la production en 2026
Safran se prépare à produire en série la gamme Engineus avec l'ouverture de quatre lignes de production en 2026 à Niort (France) et Pitstone (Royaume-Uni), permettant la fabrication de plus de 1 000 moteurs électriques par an, indique leur communiqué. Cependant, ces derniers se gardent bien de fournir plus de détails quant à la taille du marché.
Dès fin 2026, Safran devrait avoir terminé deux lignes de production entièrement automatisées et dont les extensions pourraient bien quadrupler la production. Cette automatisation pèsera finalement peu tant le besoin de main d'œuvre sera marginal.
Si Safran s’achète un peu de répit, la concurrence n’est jamais bien loin. Au-delà des géants établis comme GE Aerospace et Pratt & Whitney (RTX), des challengers tels que l'américain magniX et des innovateurs dans la conception d'aéronefs comme Joby et Archer passent à l'attaque. L'ascension potentielle de concurrents asiatiques augure également d'une compétition intense dans les années à venir. Olivier Andriès, le directeur général de Safran, n’a par la même occasion pas manqué de souligner la nécessité d’un soutien politique au secteur auprès du ministre des Transport présent à l’événement, Philippe Tabarot.