Une belle performance 

Philips a enregistré un bénéfice net de 452 millions d’euros au deuxième trimestre, 6 fois supérieur à celui de 2022 à la même période. Les ventes comparables ont augmenté de 2%, au-dessus des prévisions à 0,7%. L’EBITDA ajusté progresse de 9,3%, faisant ressortir une marge de 11,1%, contre 9,8% estimés. Une performance attribuable à des revenus d’assurances liés aux réclamations produits Respironics qui se sont élevés à 538 millions d’euros, et à des économies de charges opérationnelles de 195 millions, qui incluent des réductions de postes.

Rappel de l’affaire : Philips avait été contraint de rappeler 15 millions d’appareils de sa filiale Respironics dans le monde. Ils étaient soupçonnés de provoquer l’inhalation d’une mousse toxique, ce qui pouvait causer des céphalées et des irritations, et même des cancers. Cette affaire a coûté très cher au groupe en termes de profitabilité, avec une baisse du rendement des capitaux propres (ROE) de 15 points entre 2021 à 2023 pour s’établir à 9%, et une hausse de l’effet de levier de la dette sur l’EBITDA de 1,8 points entre 2020 à 2022, pour se fixer à x2.8.

D’autre part, le groupe enregistre pour la première fois en 2 ans une prise de commandes positive, en hausse de 9%. Un résultat imputable à la bonne dynamique contractuelle en Amérique du Nord, qui a compensé la baisse en Chine, après l’entrée en vigueur de la loi anti-corruption en mars, qui a ralenti l'exécution des commandes des hôpitaux. Le groupe espère un retour à la normale au second semestre dans le pays. Le ratio dette nette/EBITDA a baissé de 2,8x à 2,2x en glissement annuel.

Le mauvais point est la génération de cash (FCF) qui est en déficit de 64 millions d’euros en raison des paiements de 415 millions d'euros en lien avec le règlement des pertes économiques de Respironics aux États-Unis.

Résultats par segment

La division “Diagnosis & Treatment” (47% du CA), spécialisée dans l’imagerie médicale (IRM, scanners, échographes, etc), les équipements pour le traitement et le diagnostic du cancer et les maladies cardiovasculaires, enregistre un niveau de ventes en hausse de 4%, soutenue par une amélioration des ventes dans les thérapies guidées par l'image et le diagnostic de précision. La marge d'EBITDA ajustée s'est améliorée à 12,2%.

La division “Connected Care” (27% du CA), spécialisée dans les solutions logicielles de télésuivi pour les maladies chroniques et la coordination des soins, et dans les équipements médicaux pour les soins à domicile (oxygénateurs, appareils de nébulisation, etc.), enregistre des ventes en hausse de 2%, qui s’accompagne d’une marge d'EBITDA à 8,8%.

La division “Personal Health” (19% du CA), spécialisée dans les produits de santé et de bien-être grand public (rasoirs électriques, montres connectées, sèche-cheveux, brosses à dents électriques, etc.), enregistre une hausse des ventes similaire à la précédente, portée par la croissance des ventes en dehors de la Chine. La marge d'EBITDA ajustée s'est améliorée à 16,9%, principalement grâce à la hausse de la productivité.

Perspectives à moyen terme

Le groupe situe ses prévisions de croissance pour l’ensemble de l’année dans une fourchette de 3 à 5%, une marge d'EBITDA ajustée de 11 à 11,5% et un flux de trésorerie libre excédentaire de 0,9 à 1,1 milliard d'euros. Une prévision encourageante pour Philips tenant compte de sa maturité. Elle est renforcée par une expansion de portefeuille prévue à moyen terme : lancement d’une plateforme d'échographie cardiovasculaire de nouvelle génération avec IA intégrée, lancement du premier implant du système de stent veineux, conçu pour traiter les maladies veineuses profondes, lancement du premier appareil d'épilation à lumière pulsée “Philips Lumea série 8000” avec technologie de refroidissement et des rasoirs à thème.

Toutefois, il est à noter que les prévisions d’ici 2026 sont encore loin de compenser les rentabilités d’avant 2021. En effet, les conséquences financières et opérationnelles liées à Respironics continueront de peser sur l’entreprise pendant encore de nombreuses années. D’autre part, on n'oublie pas facilement pas les manquements de qualité dans la santé, surtout dans les domaines les plus sensibles. Cette situation met ainsi en péril les longs efforts de restructuration de Philips sous la houlette de son ancien PDG Frans van Houten sur les secteurs à plus fortes valeurs ajoutées. Ce qui peut également être interprété comme un manque de préparation et de savoir-faire. 

Cela se reflète aussi sur sa valorisation. Son PER est revu en baisse de moitié entre 2020 et 2026, passant de x33 à x16, et son ratio EV/EBITDA est le plus faible de son secteur, indiquant une pénalisation accrue du marché et une valeur fortement décotée dans un secteur porteur.

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La hausse du titre de 12% en une journée pourrait ainsi se lire comme un signe d'espoir par le marché. Mais est-ce une situation durable ?

Pour confirmer, Philips devra combiner ses efforts d'innovation avec une vigilance accrue sur la qualité de ses produits.

Graphique Philips NV