Zurich (awp) - Au terme d'un feuilleton de deux mois et demi, le logisticien bâlois Panalpina a finalement accepté l'offre de reprise du danois DSV. Ce rachat permettra à l'entité fusionnée, qui s'appellera DSV Panalpina A/S, de se hisser parmi les quatre plus grands groupes mondiaux de logistique et de transports.

L'acquisition était dans l'air et correspond à une logique industrielle, dans un domaine encore très fragmenté et en voie de consolidation, comme le relève dans le communiqué publié lundi Thomas Gutzwiller, membre du conseil de fondation d'Ernst Göhner. Cette fondation est le principal actionnaire de Panalpina, avec 46% des parts. Elle s'est engagée à maintenir sa participation pendant au moins deux ans et détiendra 11% des actions de la nouvelle société.

DSV Panalpina A/S sera cotée à la Bourse de Copenhague, ce qui entraînera la décotation de l'acteur bâlois de la Bourse suisse. L'opération doit être achevée au 4e trimestre et valorisera Panalpina à hauteur de 4,6 milliards de francs suisses. Les principaux actionnaires, représentant 69,9% des nominatives Panalpina, ont d'ores et déjà donné leur aval à l'opération, de façon définitive.

L'accord met fin à une longue partie de poker. La Fondation Ernst Göhner s'y était au départ opposée, tandis que les actionnaires "activistes" Cevian Capital et Artisan Partners, qui détiennent chacun 12% des parts, y étaient favorables. Ce rachat met fin par ailleurs aux discussions avec le groupe koweïtien Agility, qui était également sur les rangs pour un rapprochement avec Panalpina.

Critiques

Concrètement, le groupe danois propose 2,375 titres DSV contre une action Panalpina. Une partie des actions de ce dernier sont réglées en liquide. Au final, l'offre représente un prix implicite de 195,8 francs suisses par action Panalpina, beaucoup plus que la première offre faite le 15 janvier de 170 francs suisses. La nouvelle offre équivaut à une prime de 43% par rapport au cours de clôture de l'action Panalpina en date de l'offre initiale.

Ensemble, DSV et Panalpina représenteront un chiffre d'affaires pro forma de 18,2 milliards de francs suisses et compteront plus de 60'000 employés. Le groupe sera présent dans plus de 90 pays.

Panalpina était en butte à des critiques après avoir perdu des parts de marché ces dernières années. En 2010, la société affichait encore plus de 7 milliards de francs suisses de chiffre d'affaires. En 2018, les recettes ont tout juste atteint 6 milliards. A titre de comparaison, le concurrent alémanique Kühne+Nagel a réalisé plus de 20 milliards de ventes en 2018.

Synergies

"Sans trahir de grand secret, la combinaison de DSV et Panalpina offre un grand potentiel de synergie", a relevé Jens Björn Anders, devant la presse. Le directeur général du groupe danois n'a cependant articulé aucun chiffre à ce titre, préférant évoquer les marges. "Dans le passé, celles de DSV atteignaient une niveau supérieur à celui des marges du concurrent bâlois. Nous espérons que nous serons bientôt en mesure d'augmenter la marge de la nouvelle société au niveau de l'ancienne DSV".

M. Andersen s'est également exprimé sur le thème de l'emploi. "Bien sûr, certains emplois vont disparaître à la suite de la reprise ", a-t-il poursuivi. Cependant, la croissance reste l'objectif numéro un. "Je suppose donc que le nombre d'employés du nouveau groupe, DSV Panalpina, augmentera bientôt après une brève baisse".

Pour l'heure il reste prématuré de révéler exactement quelles fonctions resteront en Suisse. On ne sait pas non plus ce qu'il adviendra de la direction actuelle de Panalpina. "Nous espérons que certaines personnes chez Panalpina pourront imaginer travailler pour nous après l'acquisition", a déclaré Andersen. Séparément, DSV et Panalpina emploient aujourd'hui respectivement 47'000 et 14'500 employés.

Il s'agira de consolider l'infrastructure informatique et d'effectuer des regroupements au niveau de l'exploitation, de la logistique, de l'administration et sur le plan commercial, relève le communiqué. Les modèles d'affaires, les stratégies et les prestations des deux groupes se recoupent sur de nombreux points. Le processus d'intégration devrait prendre deux à trois ans.

Creuser l'écart

"Nous sommes arrivés à la conclusion que la fusion était pour nous le meilleur moyen de répondre aux défis futurs et de créer de la valeur", relève Thomas Gutzwiller, membre du conseil de fondation d'Ernst Göhner.

De son côté, DSV estime que le regroupement permettra "d'accroître encore son avantage concurrentiel dans la branche." Les deux parties se sont accordées pour un versement de dividende représentant environ 15% du bénéfice net.

Parmi ses actionnaires importants, Cevian s'était montré virulent ces derniers temps, souhaitant voir tomber des têtes au sein de Panalpina. "Lorsque nous avons investi dans la société, les performances de Panalpina étaient inférieures à celles de la concurrence. Aujourd'hui, huit ans plus tard, elles le sont toujours", avait ainsi déclaré en octobre dernier le Suédois Lars Förberg, co-fondateur de Cevian.

Aujourd'hui, l'actionnaire "activiste" se réjouit. "Nous sommes convaincus que la fusion répond à une logique industrielle et fera du groupe une des entreprises majeures du secteur", relève M. Förberg.

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) a relevé que l'offre des Danois était généreuse. Cevian et Artisan, contrairement à Ersnt Göhner, ne sont pas tenus de garder leurs parts pendant deux ans.

Panalpina avait été fondée en 1935 et est cotée à SIX depuis 2005.

A la Bourse, l'action Panalpina a fait la meilleure performance absolue du jour, terminant en hausse de 15,0% à 190,70 francs suisses, dans un SPI en progression de 0,69%.

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