En France, on pense par exemple à Hermès qui triomphe dans un secteur du luxe en repli général. Aux Etats-Unis, un autre exemple illustratif de ce paradigme serait le transporteur routier Old Dominion, dont la capitalisation boursière représente toujours un multiple de plus de trente fois le dernier profit cash — ou cash-flow libre — malgré la conjoncture déplorable qui sévit dans son secteur depuis quelques trimestres.

Avec son maillage tentaculaire du territoire américain, une flotte de 11 000 camions et 47 000 remorques, et une culture d’entreprise réputée aux quatre coins du pays, Old Dominion a enregistré deux décennies exceptionnelles coup sur coup. Son chiffre d’affaires a ainsi cru à une moyenne annualisée de 10% depuis 2004, de $824 millions à $5.8 milliards ; tandis que son profit a cru de $39 millions à $1.2 milliard sur la période.

Le plus remarquable est que cette croissance fut entièrement organique, et que la performance financière du transporteur — qui affiche une rentabilité des capitaux propres deux fois supérieure à celle de ses pairs sans recours à l’effet de levier — est restée stratosphérique à travers les cycles. C’est ici, sans doute, que la qualité de son service et de sa culture ont fait la différence.  

Depuis 2010, Old Dominion a doublé ses parts de marché sur chacun des six grands secteurs du marché américain. Depuis 2014, en parallèle de cette conquête commerciale si réussie, il a aussi entrepris d’orienter la majorité de ses cash-flows libres vers les rachats d’actions. 

Ces éléments ne le rendent bien sûr pas invulnérable à la conjoncture. Sur le premier trimestre de l’exercice fiscal 2025,  son chiffre d’affaires baisse ainsi de 5.8% par rapport à l’année précédente à la même époque, et son profit d’exploitation de 12.5% ; il n’empêche qu’il souffre ici beaucoup moins que ses concurrents directs Saia ou TFI. Voir à ce sujet Saia : Le fret américain chavire.

Old Dominion n’en perd cependant pas les faveurs du marché, même avec l'épée de Damoclès des barrières douanières suspendue au-dessus de sa tête. Alors que la valorisation de ses comparables connaît une érosion continue depuis quelque temps, la sienne résiste, si bien qu’elle évolue toujours sur des multiples deux voire trois fois supérieurs. 

La conclusion de ce rapide état des lieux : qu’on parle luxe ou camions, il fait sens pour les investisseurs de toujours privilégier les premiers de la classe. Voir également Old Dominion : As de la route.