* Entre 2.000 et 4.000 routiers mobilisés

* L'application de la mesure a été suspendue

* Les routiers réclament sa suppression (Complété avec chiffres actualisés)

PARIS/Cestas, Gironde, 16 novembre (Reuters) - Entre 2.000 et 4.000 transporteurs routiers ont manifesté ce samedi pour protester contre l'écotaxe, une mesure dont l'entrée en vigueur a été suspendue mais qui continue de faire l'objet d'une vive contestation en France.

Des difficultés de circulation ont été signalées dans une quinzaine de régions où des opérations escargots et des rassemblements de camions ont été organisés à l'appel de l'Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE).

Des actions ont été menées en Ile-de-France, à Lyon, à Seclin (Nord), à Saint-Etienne du Rouvray (Seine-Maritime) et à Dreux (Eure-et-Loire), dans le Var, dans les Bouches-du-Rhône, en Champagne-Ardennes, en Bourgogne, dans les Côtes d'Armor, dans l'Aveyron, en Haute-Garonne, en Gironde et en Charente.

Au total, 4.000 poids-lourds ont participé au mouvement de protestation, selon l'OTRE, 2.100 selon la police.

"Le système écotaxe est une usine à gaz, nous demandons sa suppression pure et simple", a dit à Reuters Caroline Augé, déléguée régionale de l'OTRE. "Cela fait des mois qu'on demande comment il se fait qu'une entreprise privée récolte une taxe mais on ne nous a pas entendus."

Dans les Bouches-du-Rhône et le Var, deux barrages ont été érigés à proximité de portiques destinés à la collecte de l'écotaxe, dont les routiers réclament l'abandon.

"Ce sont les chefs d'entreprises qui manifestent avec détermination et responsabilité, il est hors de question de s'attaquer aux installations routières et aux portiques écotaxes", a indiqué le secrétaire général local de l'OTRE, Jean-Marc Montagnac.

"TEMPS NÉCESSAIRE"

L'OTRE réclame la suppression de l'écotaxe qui fragilise selon elle "les PME du transport routier et met en péril des milliers d'emplois locaux".

Cette écoredevance sur le transport routier, décidée par la précédente majorité dans le cadre du Grenelle de l'environnement, vise à taxer la circulation de poids lourds afin de financer les infrastructures ferroviaires et fluviales.

Cette mesure devait initialement entrer en vigueur le 1er janvier prochain mais Jean-Marc Ayrault a annoncé le 29 octobre sa suspension sous la pression des manifestants bretons.

Le Premier ministre a indiqué vendredi que le gouvernement prendrait le "temps nécessaire" pour décider des modalités de mise en oeuvre de la taxe tout en démentant que la suspension pourrait se prolonger jusqu'aux élections municipales fin mars.

Le gouvernement va attendre les conclusions de la mission d'information de l'Assemblée nationale, créée cette semaine, a-t-il ajouté, appelant les opposants à l'écotaxe à venir s'exprimer devant cette instance.

La fronde contre l'écotaxe a donné lieu à des heurts entre forces de l'ordre et manifestants le week-end dernier. Selon le ministère des Transports, une dizaine de bornes et de portiques destinés au contrôle et à la collecte de l'écotaxe ont par ailleurs été détruits depuis le début de la contestation.

TROP FAVORABLE?

L'écotaxe doit rapporter 1,15 milliard d'euros par an, dont 20% pour l'entreprise qui doit collecter l'écotaxe, Ecomouv', détenue à 70% par la compagnie italienne Autostrade (Atlantia ), soit 250 millions d'euros.

Une enquête judiciaire sur les conditions d'attribution du contrat, jugé trop favorable à Ecomouv' par de nombreux élus de droite comme de gauche, a été rouverte à Nanterre (Hauts-de-Seine).

S'exprimant sur RTL, l'ancien secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau a pris samedi matin la défense de l'écotaxe.

"Je reste favorable à cette mesure", a dit le député UMP de Charente-Maritime. "Je comprends que le gouvernement a dû gérer une crise difficile en Bretagne mais nous avons besoin de financer nos investissements d'avenir (...) donc il faudra bien remettre un jour cette écotaxe en service, peut être après en avoir rediscuté naturellement certaines modalités". (Marine Pennetier et Claude Canellas, avec Jean-François Rosnoblet à Marseille et Nicolas Bertin)